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Sur la colonne de droite retrouvez dans le menu mes pages et dans BLOG mes carnets par thèmes .. bonne lecture ..
PAGE 1 / PREMIERES HEURES SUR LE SOL MALIEN
Le 19/03/2008
Le grand hangar est séparé par une unique cloison ,d'un côté le hall de départ ,de l'autre le hall d'arrivée. L'avion ne fait qu'une courte escale ,alors que nous passons la douane et la police ,les passagers en partance grimpent dans l'avion ).
Des Maliens de toutes ethnies s'accrochent en grappes aux barrières . Comment reconnaître quelqu'un dans ce groupe de personnes ! Mais un peu à l'écart je vois deux Touareg qui ressemblent aux photos que j'ai eu en main , l'un doit être Ibrahim et l'autre Mossa Ils discutent avec une jeune femme que j'ai remarquée dans l'avion . Placée sur l'un des sièges de la rangée de derrière elle est restée le nez plongé dans ses papiers toute la durée du voyage .
Je pousse un "ouf" de soulagement ...je n'ai pas cette fois préparé mon voyage comme j'en ai l'habitude : pas de guide du routard , petit futé ou autre bouqin dans mes bagages. Lorsque Moussa m'a dit "viens au mali en meme temps que moi , je te ferai aimer mon pays " je l'ai pris au mot ...à tel point que c'est un peu paniqué que nous avons bouclé nos bagages . Tout le temps qu'a duré son voyage en 4X4 pour rallier Paris à Taboye , il etait censé m'envoyer des sms ou mails pour me mettre au courant de l'avancée de son voyage avec la "caravane du coeur" * mais je n'avais eu que de très rares reneignements et depuis quelques jours le "stand by" complet ,nous ne savions ni s'il etait arrivé ni si quelqu'un nous attendrait à l'aeroport. En désespoir de cause j'avais noté sur mon carnet l'adresse de 3 touareg qui n'habitent pas du tout dans la region mais auxquels j'aurais envoyé un "au secours" si nous nous retrouvions seuls , mon fils de 15 ans et moi ,dans une ville totalement inconnue . ..
Il ne faut que quelques minutes pour que le 4X4 ,un rien brinquebalant de Mossa ne nous dépose devant l'hotel restaurant . Nous y serons les seuls "blancs" pour cette première escale .
Mossa,c'est le cousin d'un ami, écrivain touareg ,qui habite en France, et il nous servira de guide pendant ce court séjour. Il nous apprend que notre ami est bien arrivé avec "la caravane du coeur " qui vient de traverser plusieurs pays du nord de l'afrique avant de rallier Taboye , petit village perdu dans le nord du Mali but de leur périple. Moussa notre ami, passera en fin d'après midi pour nous dire bonjour ;en attendant nous prendrons notre repas de midi ...qui se prend à 15H sous cette latitude
"
Une légère brise souffle qui fait bruisser les feuillages et rend la chaleur supportable. Installés dans le jardin ombragé de l' hôtel "Sahara passion" nous attendons , mon fils Arnaud et moi , que nous soit apporté notre premier repas typiquement malien . Aujourd'hui ce sera couscous .Et quel couscous !mémorable....un plat de graines ,deux minuscules bouts de viande et quelques pois chiche... Là c'est sûr nous ne sommes pas dans un de ces voyages organisés ou les français viennent pour se gaver autant de soleil que de mets exotiques...
Au loin le Muezzin vient de faire son appel à la prière alors que tout autour de nous une dizaine d'oiseaux font un concours des plus belles trilles .
oiseau jaune dans le jardin du sahara.wmv
Sur le mur de banco (le sable utilisé pour la construction) des lézards de belles tailles nous regardent étonnés, à moins qu'ils ne soient qu'intrigués et nous étonnés !
* la caravane du coeur devait apporter deux vehicules 4X4 ainsi que du materiel scolaire ; créée quelques semaines seulement avant le départ mais manquant cruellement d'organisation à mon avis je n'avais pas voulu m'y associer autrement qu'en mettant en ligne sur mon blog quelques lignes sur l'avancé de leur voyage.
ils devaient arriver le vendredi , deux ou trois jours avant nous . nous devions les rejoindre , nous en tant que "touristes équitables" quoique ami de Moussa
PAGE 2 / COUP D OEIL SUR LA VILLE DE GAO
Le 19/03/2008
La grille du jardin de l'hotel vient de s'ouvrir et un Touareg vient vers nous. Il porte un superbe boubou de la couleur du cuivre rouge, ses cheveux comme à leur habitude sont ceints d'un chèche foncé. Je le regarde s'approcher. C'est vrai qu'ils ont belle prestance , le corps drapé jusqu'aux pieds dans ce tissus soyeux qui se balance au rythme de leurs pas ...je ne vois que ses yeux qui semblent me regarder avec insistance et à ce moment là , je réalise : c'est Moussa qui pour un temps , a quitté son habit indigo !
Cette apparition me laisse une étrange impression. Moussa en France , seul vêtu de son habit bleu cela ne m'etonne plus mais là , parmi d'autres vêtements traditionnels cela me permet de réaliser que cette fois ce n'est plus un rêve, nous sommes au pays des Touareg...
Il s'approche de nous pour nous souhaiter la bienvenue et son apparition ne perturbe en aucune façon les habitudes des oiseaux : dans un nimier , un tilabert couve ses oeufs dans un nid posé en équilibre entre deux branches tandis qu'au dessus de nous un toujoumba (en songhai) superbe oiseau jaune, avec application transporte inlassablement quelques nouvelles brindilles pour perfectionner son nid , dans lequel par instant il disparaît par une petite ouverture placée sur le dessous de cette forme ovoïde qui pend de la branche..
Ibrahim , visage jovial et toujours souriant, entre à son tour dans le jardin ombragé de l'hotel suivi de près par la jeune femme de l' aéroport.
une voix douce répond à mon bonjour :
...enchantée ! et moi je m'appelle Blanche de Richemont "
j'ai lu son nom sur la page de garde du livre de Moussa mais le "de" m'avait laissé croire à une frêle et vieille demoiselle. En fait ,elle ressemblait dans mon imagination à la princesse russe très agée , qu'il m'avait été permis de connaître il y a quelques 20 ans . Vieille dame charmante , comme sortie d'un livre , qui disparaissait au fond d'un immense fauteuil , petite dame poussiéreuse , transparente à force d'être fragile . Son neveu , jeune homme d'une autre époque lui aussi , se tenait debout derrière , la main posée négligemment sur le dossier , et sur le mur la gravure d'un tsar... Cette image que j'avais chassée de mes souvenirs me saute au visage lorsque je decouvre la véritable Blanche de Richemont et qui n'a rien à voir avec celle que j' imaginais !
Elle est écrivain , amoureuse et spécialiste des déserts .... nous apprendrons quelques jours plus tard qu'elle est là aussi pour apporter les dernières modifications à son prochain livre " l' éloge du désir"
Nous les laissons à leur discussion , Mossa vient d'arriver et nous propose de découvrir Gao. Notre guide , cet après midi s'appelle Sidi , c'est un cousin de Mossa .
En fait ici tout se passe en famille , l'agence de voyage est celle de Mossa et les guides et chauffeurs ses cousins ... Sidi ,savez vous ce que cela signifie en langue arabe ? : saint , je l'ai appris il y a quelques années en flânant dans les ruelles de Sidi Boussaïd en Tunisie.
Gao ne se raconte pas , il faut s'y promener pour la saisir.
Une seule route goudronnée traverse la ville , toutes les autres rues , aussi larges pourtant, sont d'un sable orangé , bordées de maisons de cette même teinte chaude ou parfois se mèle la couleur plus grise de l'argile . De longs murs de même matériau occultent les jardins , car toute maison possède son jardin pour y élever quelques chèvres , où pour s'y retrouver, à l'ombre d'un arbre parfois, pour boire les trois thés traditionnels.
Le centre ville ne se prétend pas différent , sinon que s'y regroupent les divers ministères et administrations. Le long des ruelles du marché un bric-à-brac d'objets se côtoie : des vis , des chaussures , des tissus , des plaques de sel... Une petite fille à la peau d'ébène , avec application tresse les cheveux d'une autre enfant , un bébé s'est assoupi dans le dos de sa maman , un couturier devant sa machine "singer des années 40 " tire d'un morceau de tissus multicolore un pantalon non moins riche en couleur.
Au coin d'une rue, quelques chèvres se dressent fièrement sur une montagne d' immondices ; cela me remet en mémoire quelque phrase de Daudet parlant le la chèvre de mr Seguin : "et de se voir si haut perchée elle se croit au moins aussi grande que le monde"
Sidi nous a entraîné à sa suite dans une sorte de halle marchande , ceinte de hauts murs qui assombrissent le lieu. Un veritable labyrinthe se déroule devant nous avec de chaque coté de minuscules réduits dans lesquel s'entassent parfois dans un équilibre très précaire , des chaussures, des tissus et mille autres choses encore. Il nous faut nous frayer un passage entre les sacs , caisses qui obstruent un passage si étroit que dejà sans ces monticules de paquets deux personnes ont du mal à s'y croiser, sans patauger dans la boue qui s'étale par endroits.
Le jeune Touareg , après quelques serrements de mains , quelques mots jetés dans une langue "rugueuse" , à l'un ou à l'autre , semblant ne pas trouver ce qu'il souhaite , franchit une étroite porte , Arnaud et moi toujours sur ses talons. La clarté du soleil nous saute au visage, alors que la chaleur aussitôt nous enveloppe...
Nous traversons encore quelques dédales de rues, pour arriver sur une grand avenue de sable qui borde le fleuve.
Sur les rives du Niger c'est un autre univers grouillant de monde . Assis sur le parapet nous jouons les indiscrets car quelques femmes qui font leur toilette dans une eau plus que douteuse , d'un geste impérieux de la main nous font signe de ne pas les photographier . Même sans cela , je n'aurais pas de toutes manières fait un cliché de ce moment d'intimité , un peu plus loin un autre groupe de femmes lave leur linge . Des enfants jouent au ballon tandis que près d'eux des petits groupes de chèvres et des moutons déambulent , sous le regard indifférent d'un zébu
Au loin des pirogues s'éloignent ... Animaux , hommes, fourrage et mille autres choses se disputent une place sur les pirogues dont certaines voient le niveau de l'eau s'avancer inexorablement vers le plat bord et prennent des allures de radeau plutôt que de barque.
Sur les quais, c'est un mélange de couleurs bigarrées : le bleu des Touareg mais aussi les teintes violines , indigo, vertes de leurs boubous , les couleurs acidulées des robes des femmes Bambara ou Songhai. Un petit âne passe près de moi chargé de paille alors que quatre jeunes hommes rentrent des champs , leurs outils de travail d'un autre temps , sur l'épaule ...mais déjà mon regard est attiré par autre chose... et j'ai beau écarquiller mes yeux je ne parviens pas à tout voir. Un Peul vient d'être hapé par la foule et je ne vois plus que son chapeau qui émerge d'une marée humaine. D'un pas rapide un autre malien apparait tenant courte une corde à laquelle est attaché un gigantesque bélier,le temps d'ajuster mon appareil et ...trop tard , la foule se referme sur lui.
Pour retourner à l' hôtel nous longeons les jardins d'une belle demeure , les bougainvillées ploient sous les fleurs roses et blanches qui se gorgent de soleil , un peu plus loin ont été plantés quelques dizaines d'arbres , bien alignés . Dans quelques années ils offriront une ombre bienfaitrice au promeneurs , mais aujourd'hui on se prend à penser qu'ils sont bien trop chétifs pour survivre. ...
PAGE 3 : FIN DE JOURNEE SUR GAO
Le 19/03/2008
La nuit vient de tomber , il doit être 18 h et le bruit de la ville se fait différent, les oiseaux se sont tus et leur gazouilli est remplacé par le cri cri des grillons, au loin le chant du muezzin une nouvelle fois appelle à la prière , c'est la 4eme , celle du coucher du soleil.
Le souffle léger du vent fait frissonner les feuilles , il fait tiède ...la chaleur pendant cette journée n'était pas écrasante , nous n'en avons pas souffert ni de la soif d 'ailleurs , nous avons été plus gênés par ce manque d'humidité dans l'air qui assèche la bouche , et ce vent omni présent qui oblige à chaque inspiration à inhaler autant de sable que d'air !
Les bêlements des troupeaux se mêlent aux cris des enfants qui jouent devant leurs maisons de pisé...
Seuls "blancs" dans l' hotel nous avons droit à la plus belle chambre avec wc et douche ! Le luxe quoi !
chambre pour 2 avec salle de bainWC ....ça c'est ce qu'on pourrait lire sur le catalogue s'il en existait un. ...suivez moi donc et visitons là ...
Nous longeons un couloir faiblement éclairé , la porte s'ouvre sur une pièce sans fenêtre ,une fois trouvé l'interrupteur :au fond à droite vous caressez le mur à taton et vous trouvez au bout de plusieurs minutes ou alors vous allumez votre lampe de poche...vous découvrez un pièce sommairement meublée d'une table de bois poussée contre le mur de gauche, une chaise et un lit ...enfin un lit de là bas ...c'est à dire un sommier de bambou tressé et un fin matelas de mousse d'une epaisseur de 2 à 3 cm. On partagera le même lit avec mon fils ...il n'y a pas le choix...
Une grande moustiquaire recouvre le lit que je devrai partager avec mon fils, Arnaud ,une moustiquaire qui a fait son temps et dont l' efficacité a été renforcée par des gros morceaux de scotch noir pour boucher les trous. De Toutes manières, Arnaud, à force de tourner et de se retourner sur ce matelas bien inconfortable, posé sur le sommier de bambous, sera au milieu de la nuit totalement saucissonné dans la moustiquaire et le seul et unique moustique qui vrombit avec plaisir autour de moi pourra à loisir me considérer comme un met de choix. En me donnant les claques inutiles je repenserai à notre attente devant le bureau d'enregistrement où pratiquement toutes les conversation ont tourné autour de
__ "quels médicaments prenez vous contre le paludisme ?"
__ nous rien , pour un séjour d'une semaine inutile de se mettre martel en tête , nous serons de retour en France dès les premiers symptômes , il suffira à ce moment d'agir nous a expliqué notre médecin habitué aux voyages en terres africaines.
Je traverse la chambre qui donne sur la salle de douche, une pièce , où se trouve la seule fenêtre , enfin fenetre pas baie vitree ! ouverture de 50 cm sur 50 cm dans la partie haute du mur , pas de vitre bien entendu et une planche qu'on rabat pour occulter la lumiere et empêcher la chaleur de rentrer . D'un coté WC et de l'autre un pommeau de douche au plafond et un trou d'evacuation au sol ....
Une douche plutôt froide (il ne faut pas pousser quand même on a douche et wc dans la chambre on n'allait pas en plus avoir l'eau chaude!) et nous voilà dans le jardin. La chambre est agréable mais , planche de bois rabattue , la lampe ne jette qu'une lumière un peu palichonne , il est donc bien plus agréable de profiter de la douceur de l'exterieur.
Sous une tonnelle construite avec des bambous et recouverte de nattes , trois ou quatre maliens se sont réunis , à l'abri des regards ,mais toujours prêts à nous rendre service si nous le souhaitons...à Leur rythme bien entendu ...il faut bien attendre 10 minutes pour qu'une bouteille d'eau nous soit apportée ...à nous de penser à la demander avant de mourir de soif et prévoir qu'il leur faudra au moins autant de temps pour venir rendre la monnaie, s'ils n'oublient pas ...
Les hommes tout en bavardant préparent le thé. Quelques braises dans leur petit poêle ,la petite théière bleue , les petits verres voilà la panoplie de tout malien . Qu'ils soient Bambara , Songhai , Peul ou Touareg , tous ils boivent ces 3 thés n'importe où , n'importe quand , tous ils vous offrent de partager ce breuvage...
Il fait maintenant nuit noire et la cours de l'hotel est parsemée des taches de lumière que créent les lampions disséminés .
Le repas nous est servi dans de la porcelaine made in China , poulet frites. Mac Do n'a qu'à bien se tenir car les frites sont succulentes .Il faut avouer que nous avons "grand faim" ! Ce matin nous quittions la maison à 4H et ce n'est pas le petit "en cas" dans l'avion affrété par point Afrique qui a rempli nos estomacs ! ni ce coucous délicieux mais où deux minuscules morceaux de viande se battaient en duels ...pour mon ado de 15 ans c'est l'horreur! Les frites glisseront rapidement de mon assiette dans la sienne!
A celles qui souhaitent un séjour remise en forme je propose quelques jours à Gao : le vent de sable vous permet une exfoliation quotidienne du visage , vous aurez en quelques heures et malgré une crème écran total une jolie couleur de sable , et vous perdrez quelques grammes étant donné la légèreté des repas.
Ali ,mi Songhai mi Peul , gentiment vient bavarder avec nous .En fait ,il était venu pour nous proposer des chemises locales "très " voyantes ,mais devant le peu d'intéret que nous avons pour ses tissus et vêtements , il prend une chaise et vient s'asseoir près de nous . Dans son français très "local " , il nous explique que le pont construit à Gao depuis peu, a beaucoup nuit au commerce dans la ville . Autrefois pour passer le fleuve il y avait un bac nous raconte t'il avec nostalgie . La nuit il ne fonctionnait pas ,Gao était lieu d'étape obligée et les bouchers y trouvaient là une manne essentielle à leur survie . Mais depuis que ce pont enjambe le Niger le bac a vécu ses dernières heures, et la modernité cause un manque à gagner qui déjà se fait ressentir dans la cité ...moi ,je suis tailleur ,et j'ai trois enfants ...ce n'est pas le travail des hommes de vendre mais si je veux rapporter de l'agent pour nourrir ma famille je dois accepter les taches qui incombent aux femmes...
Près de nous l'eau bout dans la théière...les trois hommes continuent de deviser . Songhai , Bambara , Peul , ou Français , nous entendons seulement le doux ronronnement de leurs voix . Deux Touaregs venus nous proposer quelques babioles plient bagages. Moussa nous a demandé d 'attendre d'être à son campement pour acheter ce que nous souhaitons. Cela nous fait un peu de peine de voir ces hommes déçus , ranger leurs trésors . Nous leurs aurions bien acheté tous leurs bijoux , tissus , boites , en sachant pertinemment qu'ils nous les ont proposé 5 fois leur valeur , en espérant avoir ainsi la solution pour faire vivre quelques jours supplémentaires leurs familles.
Il se fait tard et Ali nous souhaite le bonsoir,il va rejoindre ses enfants qui l'attendent pour diner ...on dine tard au Mali.
Moussa n'est pas venu nous rejoindre , un nouveau rendez vous je suppose...en France où ici c'est toujours pareil ! ...
D'un geste de la main nous disons " au revoir" à notre hôte et à ses amis ,nous quittons le jardin ,suivons le couloir très faiblement éclairé et trouvons tant bien que mal la porte qui s'ouvre sur notre chambre . L'interrupteur se situe sur le mur du fond à droite , en songeant à la taille des lézards qui à cette heure visitent peut etre eux aussi la chambre, je me désespère d'avoir posé la lampe de poche sur la table au fond de la chambre ...
Le 19/03/2008
Au loin le Muezzin vient de faire son premier appel à la prière. 3H10 et sa voix enveloppe la ville ,nous sommes déjà réveillés ne voulant rien perdre de cette vie qui va peu à peu se secouer de son sommeil . Par 3 fois , au lever du soleil , il appellera les fidèles toutes les demies heures. Au loin un coq fait retentir son chant mais il faudra attendre deux bonnes heures avant d'entendre le son pétaradant des mobylettes. Comme disait Ali , hier soir : " si les routes n'étaient pas de sable nous pourrions utiliser des vélos mais ici c'est trop dur alors nous utilisons "la mobylette ".
Le ciel sort peu à peu des brumes de la nuit et mon regard glisse sur ce paysage dont j'ai envie de m'imprégner Le soleil se lève à peine, il coule sur les toits , s'infiltre dans les petites cours alors que le silence peu à peu s'efface au profit des bruits de la vie . Installée sur le toit en terrasse de l'hôtel, sur la pointe des pieds derrière le parapet j'essaye de plonger dans la ville qui s'éveille, je ne veux pas rater une miette de cette vie, de cette ville , qui se dévoile pour moi . De la haut , mon regard embrase tout Gao qui s'étire au loin jusqu'à l'horizon.
Comme dans tous les pays du nord de Afrique les toits sont plats, terrasses d'agrément parfois, mais aussi lieu de choix pour faire sécher l'herbe que l'on trouve au bord du Niger et qui sert de nourriture au bétail.
De mon abri, loin des regards j 'ai quand même un peu honte de jouer les paparazzi ! Mais non , je souhaite seulement des moments de vie , et une photo, si la personne se sait regardée n'aura jamais ce naturel . Je reste pourtant sélective , le clic de mon appareil photo ne resonnera pas lorsque certains instants me sembleront trop indiscrèts , trop personnels ....
Je ferme les yeux , et aspire un grand coup de cet air qui m'enveloppe , je suis submergée par les émotions.Quel plaisir de vivre ces instants privilégiés...
....L'adolescente prend du sable dans une main et avec application frotte la bassine de fer blanc . Plusieurs fois elle renouvelle ce geste . Quoi de mieux lorsqu'il n'y a pas d'eau pour faire la vaisselle .
Installée devant le mur du jardin de sa maison , au bord de la route elle a fait un trou pour ne pas utiliser le sable de surface . Puis elle rince ses mains dans l'eau du seau de fer blanc et elle jette un peu d'eau dans la bassine pour éliminer le sable. Avec la gâce naturelle de ces femmes africaine ,l'adolescente d'étire avant de continuer son ouvrage.
Une jeune femme sort d'une maison , un bébé dans les bras. Avec le même geste que toutes les mamans d'afrique déjà ont effectué mille fois au cours des siècles ,elle fait passer le bébé par dessus son épaule droite , le fait glisser à califourchon sur son dos , se baisse en avant pendant que l'enfant prend place tout naturellement . Une grande bande de tissus qui recouvre le corps du bébé ramenée en avant , un noeud pour le haut , un noeud pour le bas . Le porte bébé est prêt en un tour de main .La tête appuyée sur l' omoplate de sa maman Bébé pourra toute la journée l'accompagner dans ses travaux .
Justement un peu plus loin une femme sans âge , pliée en deux , à l'aide d'une hache constituée d'un simple manche d'acacia mal dégrossi et d'une lame de fer affûtée , coupe du bois puis prépare le feu . Des enfants jouent assis dans le sable . Une charette passe se rendant probablement au marché...
Dans la cour d'un jardin une vieille femme assise bavarde avec une jeune femme tout en remuant une longue cuillere de bois dans une grande marmite...une autre ,à l'abri des murs qui entourent un terre plein sort de sa tente construite en nattes et étend des pieces de tissus . Comme les ménagères du siècle dernier chez nous elle a probablement utilisé la cendre de bois pour laver son linge.
Quelques bruits commencent de monter jusqu'à moi venant du jardin de l'hotel . Nous sommes les uniques clients et le maitre de séant , trainant les pieds dans le sable dresse notre table pour le petit dej . D' un geste précis il jette la nappe de tissus à carreaux sur la table de jardin en plastic alors que je descend precautionneusement l'escalier étroit qui mène sur le toit.
Le petit déjeuner est servi : pain , beurre, confiture ,café ...on pourrait presque oublier que ce n'est pas la France !
Un jeune chat un peu maigre approche craintivement de nous , après être descendu de son observatoire au dessus des cuisines qui sont cachées derriere de grandes nattes savamment tressées .
Sa curiosité satisfaite il se dirige vers une bassine dans laquelle goutte un robinet. Je n'ai jais autant vu de robinets mal fermés que dans les pays où l'eau est rare!
Mossa doit venir nous chercher vers 10h pour partir vers Taboye. Nous aurions aimé profiter encore de ces quelques heures qui restent pour retourner au marché , mais nous ne savons pas encore nous reconnaitre dans la ville et je ne sais pas si Mossa a mon numéro de portable...tant pis , ce sera pour une prochaine fois.
Une semaine , nous n'avons qu'une petite semaine pour emmagasiner au fond de notre coeur tous ces souvenirs que nous voulons vivre...une semaine pour voir , rencontrer, apprendre, aimer...
Profitant de la chaleur encore tiède de ce début de journée, les sacs prêts pour le départ afin de ne perdre aucun moment , nous restons attablés un bon moment , jetant sur le papier nos premieres impressions.
PAGE 5 DERNIERS MOMENTS A GAO AVANT LE DEPART VERS TABOYE
Le 19/03/2008
C'est le jeune frère de Sidi ,Aboudakrim qui nous servira de chauffeur pour notre voyage vers Taboye. Nous l'avons rencontré hier pendant que nous nous promenions avec Sidi . Alors que Sidi , jeune homme de 20 ans est habillé à l'europénne , Aboudakrim d'un an son cadet , porte le chèche , ce long foulard qu'utilisent les hommes Touareg pour ceindre leurs cheveux . Ils ont tous deux la peau claire , couleur café au lait et des yeux en amande , des dents blanches à démoraliser tous les dentistes de la terre , des cils épais et recourbés qui n'ont besoin ni de magic curl ni d' épaississeurs ! Le jeune Touareg est venu nous chercher en fin de matinée . Nous comprenons vraiment le sens du proverbe Touareg "tu as la montre j'ai le temps ".Je l'avais traduit par : je "possède le temps " mais c'est bien "j'ai le temps " qu'il signifie ! Car là bas dire rendez-vous à 10 h n'a pas de signification ; vous le savez peut être pour l'avoir vécu dans d'autres pays du maghreb , ou du moyen Orient , mais au Mali cela semble encore plus vrai....ils viennent lorsqu'ils ont achevé de faire tout ce qu'ils ont décidé de faire ; entre temps ils rencontrent sur le chemin toujours quelque ami, quelque cousin ...et lorsque on rencontre quelqu'un de sa connaissance pas question de dire un simple bonjour , celà serait inconvenant . On demande à son ami comment il va , puis comment se portent ses parents , et la santé de sa femme et ses enfants et ses cousins.... Bref nous voilà enfin partis , pas très loin en fait : nous rejoignons Mossa qui n'a pas fini de faire les achats pour la nourriture et les boissons que nous devrons utiliser pendant notre séjour à Taboye et au campement . Pendant qu'il règle ces derniers problèmes d'intendance , nous pouvons tout à loisir regarder les personnes qui s'affairent dans la rue . Plusieurs Touareg déambulent . Mais comment font ils donc pour se reconnaître l'un l'autre, si ce n'est par la manière de marcher ! Certains ont le bas du visage complètement caché par le chèche et nous pouvons seulement voir leurs yeux. Des femmes à la peau noire , probablement de l'ethnie des songhoi , car les bambara se trouvent concentrés plus au sud du pays , mais de femmes Touareg (les Targui), point dans les rues ... Les une comme les autres sont pourtant de confession musulmane ....il faudrait que je pense à demander si c'est un hasard . Un petit troupeau longe les étals ,accompagné de son berger, et s'arrete pour saluer celui qui à même le sol installe des peaux de chevre et de mouton tannées , deux femmes bavardent ,leur grande bassine posée en equilibre sur la tête et leur bébé la tête doucement posé sur leur omoplate ...enfin le bébé ! Je n'aperçois qu'un petit pied qui s'échappe du grand voile qui protège l'enfant du sable que le vent soulève en petits nuages cliquer sur la photo pour la voir en format plus grand Un jeune homme s'approche , il mange une sorte de fruit . _ "Bonjour ", nous dit il , "vous venez visiter? vous avez besoin d'un guide ? Je secoue la tête en lui disant _ "non merci , désolés mais nous avons déjà un guide " Je ne peux m'empêcher de lui poser la question , en regardant ce fruit qu'il dévore Gentiment il m'explique que c'est un fruit du nénuphar , cela se trouve sous la plante dans l'eau . _ "C'est très bon" ajoute t'il " vous voulez gouter ?" et joignant le geste à la parole il me tend le fruit . je lui fais entièrement confiance ! Je goûterai une autre fois .... Nous partons! nous lance Mossa qui s'approche de nous , les bras chargés par ses derniers achats qu'il entasse dans le coffre déjà rempli à craquer et nous grimpons dans son 4X4 . Avec nous , se coince à l'arrière Ibha , un autre Touareg . En fait c'est ça qui est désagréable , les places de devant sont réservées au chauffeur et à Mossa , à l'arrière seules les places près des fenêtres sont à choisir car au dessus des fenêtres il y a des poignées pour se cramponner et Ibha sans hésitation s'installe pres de l'autre fenetre ..pas cool pour A.... mon fils qui se retrouve au milieu On voit mieux au milieu (?) mais vous le comprendrez vite , si vous ne l'avez jamais vécu pour de vrai , le désert est plein de trous et de bosses, et les sauts en 4X4 comme vous les voyez en regardant Paris-Dakar à la tv c'est beaucoup plus confortable à regarder assis dans son salon. Ici , il faut pas rêver ,le confort des 4X4 est sommaire , pas de ceinture pour nous maintenir et des ressorts qui vous transpercent de tout côté . Voyager dans un 4X4 malien , n'est pas je vous l'avoue une sinécure . Question d'habitude! pas tant que ça ! en vous racontant cela instinctivement je frotte le haut de mon crane qui a eu maille à partir avec la tôle de la voiture pour notre retour de Taboye, et malgré le temps passé , mon souvenir n'est pas que "dans" la tête.
Nous traversons la rue bordée de marchands quand un Touareg se met à gesticuler sur le trottoir . Coup de frein . C'est Moussa qui s'approche de nous pendant que Aboudakrim rebrousse chemin . Un serrement de main , pas question dans un pays musulman de lui sauter au cou ! Moussa prend quelques secondes pour nous offrir en cadeau de bienvenue à chacun de nous deux ,un long chèche indigo puis s'eloigne en nous disant qu' il nous rejoindra sur la route dès qu'il aura récupéré son hillux garé un peu plus loin et dans lequel son père l'attend.
les photos sont tirées de ma video .. désolée pour la mauvaise qualité mais il fallait choisir entre acheter une bonne cam et un nouvel appareil photos ou .... faire un voyage extraordinairement marquant (et onereux je l'avoue) avec mon ado ..
Le 19/03/2008
Arriver jusqu' à la sortie de la ville ne prend que quelques minutes . Nous faisons un dernier arrêt express pour acheter un petit sachet de charbon de bois et nous voilà partis . Moussa nous rejoindra sur la route .
En cette fin de matinée la chaleur n'est pas désagréable , elle est bien plus supportable que dans les pays où le taux d'humidité est important , par contre j'ai du mal à m'habituer à ce sable qui s'insinue dans les narines , fouette nos paupières . Je passe instinctivement ma langue humide sur mes lèvres asséchées qui me brûlent tout en regrettant aussitot ce geste qui ne va faire qu'empirer leur état .
Nous roulons vitres ouvertes ce ne sera pas pire ! Le vent dans les cheveux, le soleil , le désert , qu'espérer de mieux !
Secouée dans tous les sens je ne parviens pas à me caler pour prendre des photos .J'ai voulu prendre un superbe palmier ...je pense que ce sera le ciel ...Nous roulons à moins de 40 à l'heure et il me semble voler de trous en bosses! j'esquisse un sourire en apercevant un panneau routier nous signalant un dos d 'âne, en fait il devrait y avoir une forêt de ces panneaux!
Et hop! un virage plus ou moins bien négocié et un nuage de poussière s'envole derrière nous ...
Nous avalons ainsi les kilomètres pendant un moment ...Le bruit de la voiture rend impossible toute conversation, nous n'avons donc aucune idée de la distance qu'il reste à couvrir avant d'arriver au village de Taboye où il était prevu que nous serions pour midi , mais Mossa d'un signe nous fait comprendre qu'il a l'intention de s'arreter pour boire du thé et manger un peu car le soleil depuis longtemps a atteint le zenit , tout en attendant Moussa. Aboudakrim, notre jeune chauffeur, choisit l'ombre qu'offre un acacia chétif pour garer la voiture . L'un installe une natte par terre tandis qu'un autre fait un petit trou dans le sable , y dépose quelques morceaux de charbon de bois , quelques brindilles d'acacia et un petit morceau du sac plastic (pas très ecologique!) pour faire mieux prendre le feu . Un coup de briquet et le tour est joué ! Non ...décidément il y a trop de vent , il faut s'y reprendre à plusieurs fois mais enfin la flamme se jette à l'assaut du ciel , non j'exagère un peu , elle reste minuscule... dès que les braises rougeoient on y dépose la bouilloire et peu de temps après l'eau chante doucement.
Une dose de thé, une dose de sucre et de l'eau . Le cérémonial du thé revêt ici autant d'importance qu'au Japon. Le premier thé versé dans un petit verre passe de main en main , de lèvres en lèvres .Le premier thé est brûlant et fort comme la vie .On rajoute de l'eau dans "el barrad" la théière émaillée bleue , il faut soulever haut la théiere et verser le filet de liquide ambré sans en perdre une goutte . Le thé ainsi s'aère . Le deuxième thé est doux comme l'amour. Le troisième sera suave comme la mort .Tels sont les trois thés dans la coutume Touareg.
Ibba , pose au centre de la natte un grand plat commun dans lequel du riz cuit avec des tomates et une petite ration de viande est servi selon la manière musulmane, pour tous les convives. Encore un brin civilisés nous utilisons aujourd'hui une cuillère de fer blanc . C'est délicieux mais très frugal et c'est le moment que choisit Moussa pour apparaître à l'horizon au volant de son 4X4 , son père assis près de lui .
Les présentations sont faites . L'homme semble avoir une soixantaine d'années , âge très honorable dans ce pays où la moyenne se situe aux environs de 46 ans . Il semble « enfermé » dans ses pensées et ne nous offre qu'un petit sourire accompagné d' une poignée de main.
Notre guide lance le top départ ,en quelques secondes tout notre petit campement disparait dans le coffre de la toyota mais la voiture refuse obstinément de démarrer...
SUR LA PISTE GAO TABOYE PAGE 7
Le 19/03/2008
La panne n'est pas bien grave : Problème de batterie. Dans le désert c'est pas extra direz vous!...les bras des occupants de l'autre voiture viennent à la rescousse pendant que j'en profite pour immortaliser ces moments .
Après 3 essais infructueux le moteur hoquète et se met à ronronner. Plus question de traîner maintenant ,Moussa et Mossa chacun dans son véhicule peuvent appuyer sur le champignon . " ah bon ,on trainait! " Je serre un peu plus la poignée ...tant pis ,les photos , je les ferai un autre jour ! Le paysage semi désertique défile sous nos yeux , nous n'avons qu'entrevu les quelques maisons en pisé qui étaient sur la route...un troupeau de chèvres venu de nulle part s'égaille à travers la rare végetation ..deux ânes pas le moins apeurés nous regardent passer... Tout le monde sait que depuis quelques années la folie du 4X4 a touché également les femmes . Ce n'est pas moi qui le dis , des études ont été faites , le rav 4 fait partie du rêv' des baroudeuses du dimanche , ongle bien verni , lunettes posées décontract sur les cheveux...je les imagine le cheveu asséché par le sable (vous savez style la pub pour les cheveux ou le petit gamin reconnaît sa maman en touchant le balai en paille ,j'ai les mêmes cheveux ces jours ci!) cramponnées au volant de leur 4X4 fait pour les routes goudronnées de nos villes , essayant de ne pas quitter la piste pour ne pas se retrouver ensablé . Soyons francs , je pense que conduire dans le désert n'est pas donné à tout le monde et qu'il faut au moins quelques jours d'adaptation. Mais je pense aussi qu'il y a des 4X4 pour "être dans le vent" et des 4X4 pour être "dans le sable" .Par chance nous avons un 4X4 prévu pour le désert . Ce faisant ,j'entends la trappe du réservoir d'essence qui bat au ryhtme des ornières du chemin ! Le 4X4 a quelques années derrière lui , mais je pense que sous les cieux du Mali , encore quelques unes devant lui ! !
Mossa et Aboudakrim se lancent quelques phrases . On ne peut pas dire qu'ils bavardent car il y a tellement de bruit qu'ils sont obligés de hausser la voix pour se parler. Ils utilisent la langue des Touareg ,le tamacheq . Ce n'est pas que je sois curieuse (bon ,oui un peu!!) mais je me sens exclue lorsque les gens autour de moi utilisent une langue que je ne connais pas ; c'est certainement pour cela d'ailleurs que lorsque je suis avec un etranger j'utilise , même si je la parle mal , la langue qu'il comprendra .
Pendant notre « encas étape »nous n'avons pas eu le temps de beaucoup bavarder avec Mossa , Moussa est arrivé au moment où ce dernier m'expliquait que lui aussi a créé sa propre école des sables pour sa communauté de l'autre coté du Niger. Il faudra que je l'interroge plus en détail sur cette école .
Et justement nous voilà arrivés semble t'il , au pensionnat car les deux voitures viennent de ralentir en arrivant dans une lieu presque aussi désertique que les autres.
Sur un immense terrain vague ,j'aperçois deux bâtisses rectangulaires .mon regard glisse sur le puits construit à proximité et où une femme de type africain puise de l'eau en tirant sur une corde. Un autre bâtiment légèrement plus petit est un peu en retrait . Lorsque je dis "bâtisse" ne pensez pas à un pensionnat comme celui où Gérard Jugnot débarque dans le film les Choristes ...ici , nulle grille , nul jardin , un seul arbre , minuscule , sous lequel est attaché une chèvre , qui tire sur sa longe toute la journée en bêlant. Le bâtiment principal est la maison d' Ibrahim . Trois pièces : un bureau , une chambre , un salon chambre d'invités . Dehors une partie couverte de moins de 2m de profondeur sur les 6 ou 8 metres que mesure le bâtiment avec , d'un coté , un grand vase de terre qui contient de l'eau fraiche , de l'autre ce qui peut être appelé coin cuisine avec la viande posée sur une sorte de table (et les mouches qui vont avec). L'autre bâtiment , de même forme et même taille est le dortoir , Justement 3 toubab appartenant à la fondation clubmed sortent de la maison de pisé qui porte avec orgueil son nouveau nom de bibliotheque .
Ils sont venus ici pour offrir leur temps en transformant ce simple abri en une jolie bibliothèque avec bancs , rayonnages etc....Sur l'un des grands murs seront notés les règles de vie « laver ses mains avant d'utiliser un livre , le remettre à sa place etc »...dans quelques jours tous les trésors qu'ils ont apporté avec eux cahier , livres , coloriages , jeux , ardoises prendront place sur les étagères de bois blanc .Pour l'instant ils en sont à peindre , clouer sous les yeux attentifs des gosses.
4 tentes (ne me demandez pas si elles sont bambara ou songhoi ,je ne l'ai pas encore appris) , ont été montées, pour accueillir tout ce petit monde qui envahit depuis quelques jours le sable de taboye
La première et la plus grande est le home sweet home de la « caravane du coeur » :c'est un groupe d'amis qui avec Moussa est venu par route apporter médicaments founitures scolaires et des 4X4 achetés grâce à des dons , pour la communauté touareg de Taboye.
Quoique ne faisant pas partie de cette association ,ni d'aucune autre d'ailleurs , (ce n'est pas dans mon optique) , j'ai participé à leur histoire en m'occupant avec le Lyons club de ma région d'un concert Gospel et en mettant regulièrement sur mon blog quelques notes sur leur aventure.
Lorsque nous arrivons ils s'affairent à quelques besogne qu'ils n'interrompent pas d'ailleurs , seul un "blanc" aux allures de baroudeurs lache ce qu'il est entrain de faire et s'approche en souriant de nous . C'est Maximillian que je ne connaissais que par web et telephone , nous tenant informés mutuellemnt de l'avancement de l'aventure « caravane ».Jamais je l'aurais imaginé comme cela ! C'est drôle comme on se fait une image de quelqu'un à travers sa voix , sa manière de parler ...nous ne sommes pas déçus ! Il émane de sa personne une gentillesse qu'une semaine passée en sa compagnie ne fera que confirmer. La deuxième tente est réservée aux 3 institutrices stagiaires. Quelle chance pour l'école ! Elles arrivent juste au bon moment quand un des instituteurs pour problème de santé à dû être rapatrié sur Bamako (au moment où je recopie ces lignes j'ai appris que jamais il ne reviendra retrouver ses petits élèves ,la maladie a eu raison de lui ,il s'est eteint un beau matin, il n'avait pas 30 ans) .
La troisième est réservée aux trois personnes de la fondation club med tandis que je partagerai la dernière avec mon fils car, si ici tout le monde est ami de Moussa , nous avons le privilège d'avoir une grande tente pour 2 car nous sommes ici les seuls vrais « touristes solidaires »
PUB!!!!!: comme nous et pour le même tarif vous pourrez vous aussi vivre des aventures en choisissant "oulked tour" l'agence de voyage de Mossa ..
Le 19/03/2008
Pour l'avoir vue sur la vidéo de la "caravane du coeur" qui vient de rallier Taboye en passant par l'espagne et le maroc , je reconnais aussitôt la jeune femme brune qui est devant moi : Carole ,l'infirmière .
Un jeune homme blond , dégingandé , s'approche . Il a une allure et un physique très "artiste" ...je le vois très bien peintre ou poète ... encore raté ! Il sort d'une école de comédien et prend le titre de photograph - cameraman, pour l'occasion , c'est Alexandre .
Jullian revient du puits , Stéphane et Méggy nous rejoignent , on se présente , on se serre la main .
Je ne connais aucun d'eux quoique j'ai régulièrement parlé sur mon blog personnel de leur "caravane" et que j'ai mis de courts messages informant de leur parcours quand j'avais des nouvelles par Moussa ...bien peu ,je sais !
Blanche ,réfugiée à l'abri des regards et du bruit comme à son habitude nous aperçoit et vient à notre rencontre .Nous ne faisons qu'entrevoir la famille qui a suivi le périple de la caravane avec son propre 4X4 , « family team » souhaite aller jusqu'à Bourem avant que nous prenions la route pour le campement du père de Moussa Encore un faux départ !J'avoue que je suis un peu agacée! Nous avons déjà un retard d'une journée complete sur le deroulement du voyage dont Moussa nous avait envoyé la plaquette ....
Tous les blancs sont retournés à leurs occupations : les « gens de la caravane » se sont eclipsés je ne sais où , Maximillian est allé faire un brin de toilette au fleuve (ah ! Il y a un fleuve?)
Trouver Taboye sur une carte, c'est de l'utopie!!! j'ai bien essayé, la carte du Mali ,étalée sur la table du Salon à la maison , avec le pendule comme les soeurs Halliwell mais ce dernier a continué de faire de grands cercles au dessus de la couleur uniformément beige du sable ! Savoir que le fleuve Niger coulait non loin de là aurait peut etre facilité mes recherches! Mossa lui aussi a disparu avec les clefs de la voiture dans la poche , je pensais que nous repartirions immédiatement de Taboye , mes appareils photos y sont enfermés . Quant à la caméra , n'ayant que 2 batteries et aucune possibilité de les charger , j'evite de m'en servir , car toujours dans mon super programme il est prevu au camp touareg du père de Moussa , beaucoup d'activités avec les membres de sa famille de Moussa . Il y aura une fête avec de la musique , une ballade en dromadaire, la possibilité d'apprendre à t'occuper des chevres... j'en ai l'eau à la bouche pendant que je traine sur le grand espace de sable déserté...
Assis sur une natte à l'ombre de l'une des tentes ,japerçois le père de Moussa , je me dirige vers lui , et lui demande si ma compagnie ne l'indisposerait pas .Il m'invite au contraire à m' asseoir auprès de lui , nous bavardons un moment ... tout en buvant un thé . Voilà un homme qui sait parler aux femmes! Il me demande mon âge ! Et à mon refus de devoiler cela me propose un nombre qui me convient tout à fait !
A l'abri du vent et du soleil , des femmes Touareg se sont réunies , petit groupe ramassé sur lui même qui cherche cette ombre bienfaitrice . Elles portent un voile indigo sur leurs cheveux .Vous le savez , chez les Touareg , quoique de confession musulmane , c'est l'homme qui est voilé. Une petite fille au regard coquin et dont les joues rondes se creusent de fossettes chaque fois qu'elle" fait la timide" se cache derrière une jeune targuia , sa maman ,dont je vais apprendre rapidement qu'elle est l'épouse d' Ibrahim . Ibrahim c'est le jeune frère de Moussa , à Taboye il a la charge d'instituteur et de directeur du pensionnat . Pour essayer de m'intégrer je les rejoints et m'accroupis auprès d'une très jeune fille qui enfile des perles multicolores sur un fil pour créer un collier . Vous savez ces colliers de minuscules perles qu'immancablement toutes les mamans de France on du recevoir en cadeau de fête des mères ! Ah ! Vous ,vous avez eu le collier en pâtes....Pas mal non plus !
. J' aimerais leur poser mille questions mais notre seul moyen de communiquer sont les gestes et les sourires ,elles ne parlent que Tamacheq , même la femme d'Ibrahim la seule qui semble parler le français ne me dit que quelques mots quant à sa fille , assise dans le sable , elle joue avec la poupée que je lui ai apporté de France ....quand je pense qu'en France , où tout le monde sait tout, on m'a conseillé de ne surtout pas toucher le sable , meme pas mettre des nus pieds car le sable est rempli de puces qui mechamment vont m'attaquer.
Comme je vous l'ai dit en fait le voyage au Mali c'est attraper toutes sortes de maux....eh bien vous allez voir !
Arnaud a disparu , happé par un jeune ado qui veut lui montrer qu'il sait jouer plus ou moins bien de la guitare sèche .
L'école est finie , une petite troupe de jeunes garçons , les filles étant largement en minorité , filent vers Stephane .Je crois comprendre que Stéphane est leur grand copain ,et que son trafic bleu "sintikile" l'oiseau bleu et rapide ,ajoute à sa popularité .
Le 4X4 de « family team » est de retour à Taboye . Le ciel a pris les couleurs de l'ambre , sous cette latitude la nuit vient très vite , mais je ne sais plus qui, souhaite faire encore quelques photos pour la remise de quelques cadeaux remis à l'école .La semaine passée pour l'arrivée de la caravane une grande fête a été organisée ,les deux personnes chargées du film et des photos de tout le voyage ont dû mettre en boite superbes ruches et photos magnifiques mais ils semblent avoir besoin d'autres clichés. Quelqu'un met dans les bras d'un des elèves un carton rempli de cahiers livres et stylos tandis que le groupe s'alligne style « photo de famille » ..clic ...clic ...les photos fusent !
le soleil est maintenant couché ,
il nous faudrait prendre la route au plus tôt ....Les portes claquent et ... ! Moussa redescends de son 4X4 , s'approche de la Toyota de Mossa dans laquelle Arnaud et moi avons pris place . Le campement est à quelques heures de route et notre véhicule a un « petit » problème : la batterie trop faible ne permet pas d'utiliser les phares , je pense aussitôt que si nous sommes priés de changer de vehicule c'est pour que les « toubabs » soient dans des vehicules sans aucun problème . Mais non ! Les 3 institutrices prennent notre place , tandis que je partage la banquette arrière du 4X4 de Moussa avec un des Touareg,et Carole qui d'après ce qu'il m'a été dit ,musulmane , ne veut pas etre seule fille dans un vehicule occupé par des hommes . Arnaud ,se retrouve avec plaisir en compagnie de Blanche et de « family team » Dans la précipitation , et comme je vais le regretter dans les heures qui suivent , mes appareils photos et camera sont restés dans le vehicule de notre guide...
La nuit maintenant est tombée .
Traverser le désert sous la lune qui est presque pleine est un moment particulièrement fort . Les 5 véhicules se suivent , chacun surveillant dans le rétro si l'autre est toujours derrière. Nous sommes devant car c'est le père de Moussa , qui va nous diriger en suivant les étoiles . Dans la journée , le Touareg trouve son chemin grâce aux reliefs , à la végétation qu'il connaît par coeur , la nuit se sont les étoiles qui lui montrent le chemin et ce soir des myriades d' étoiles scintillent dans un ciel d'encre, saura t'il laquelle choisir ? ....