Créer un site internet

Blog

Sur la colonne de droite retrouvez dans le menu mes pages et dans BLOG mes carnets par thèmes .. bonne lecture ..

VOYAGE EN BROUSSE PAGE 6

Le 19/03/2008

abf95a4d856c025dd66c778ecfa2e6e5.jpgArriver jusqu' à la sortie de la ville ne prend que quelques minutes . Nous faisons un dernier arrêt express pour acheter un petit sachet de charbon de bois et nous voilà partis . Moussa nous rejoindra sur la route .

En cette fin de matinée la chaleur n'est pas désagréable , elle est bien plus supportable que dans les pays où le taux d'humidité est important , par contre j'ai du mal à m'habituer à ce sable qui s'insinue dans les narines , fouette nos paupières . Je passe instinctivement ma langue humide sur mes lèvres asséchées qui me brûlent tout en regrettant aussitot ce geste qui ne va faire qu'empirer leur état .
Nous roulons vitres ouvertes ce ne sera pas pire ! Le vent dans les cheveux, le soleil , le désert , qu'espérer de mieux !
Secouée dans tous les sens je ne parviens pas à me caler pour prendre des photos .J'ai voulu prendre un superbe palmier ...je pense que ce sera le ciel ...Nous roulons à moins de 40 à l'heure et il me semble voler de trous en bosses! j'esquisse un sourire en apercevant un panneau routier nous signalant un dos d 'âne, en fait il devrait y avoir une forêt de ces panneaux!
b1f2223ba2be4c1383fa2f5ee7c503d2.jpg
Et hop! un virage plus ou moins bien négocié et un nuage de poussière s'envole derrière nous ...
Nous avalons ainsi les kilomètres pendant un moment ...Le bruit de la voiture rend impossible toute conversation, nous n'avons donc aucune idée de la distance qu'il reste à couvrir avant d'arriver au village de Taboye où il était prevu que nous serions pour midi , mais Mossa d'un signe nous fait comprendre qu'il a l'intention de s'arreter pour boire du thé et manger un peu car le soleil depuis longtemps a atteint le zenit , tout en attendant Moussa. Aboudakrim, notre jeune chauffeur, choisit l'ombre qu'offre un acacia chétif pour garer la voiture . L'un installe une natte par terre tandis qu'un autre fait un petit trou dans le sable , y dépose quelques morceaux de charbon de bois , quelques brindilles d'acacia et un petit morceau du sac plastic (pas très ecologique!) pour faire mieux prendre le feu . Un coup de briquet et le tour est joué ! Non ...décidément il y a trop de vent , il faut s'y reprendre à plusieurs fois mais enfin la flamme se jette à l'assaut du ciel , non j'exagère un peu , elle reste minuscule... dès que les braises rougeoient on y dépose la bouilloire et peu de temps après l'eau chante doucement.

9fc050eb4c74159f98fb14535d3cdf0a.jpg

Une dose de thé, une dose de sucre et de l'eau . Le cérémonial du thé revêt ici autant d'importance qu'au Japon. Le premier thé versé dans un petit verre passe de main en main , de lèvres en lèvres .Le premier thé est brûlant et fort comme la vie .On rajoute de l'eau dans "el barrad" la théière émaillée bleue , il faut soulever haut la théiere et verser le filet de liquide ambré sans en perdre une goutte . Le thé ainsi s'aère . Le deuxième thé est doux comme l'amour. Le troisième sera suave comme la mort .Tels sont les trois thés dans la coutume Touareg.
Ibba , pose au centre de la natte un grand plat commun dans lequel du riz cuit avec des tomates et une petite ration de viande est servi selon la manière musulmane, pour tous les convives. Encore un brin civilisés nous utilisons aujourd'hui une cuillère de fer blanc . C'est délicieux mais très frugal et c'est le moment que choisit Moussa pour apparaître à l'horizon au volant de son 4X4 , son père assis près de lui .
b8906b880cc9c6a82b887141ec9133cb.jpg
Les présentations sont faites . L'homme semble avoir une soixantaine d'années , âge très honorable dans ce pays où la moyenne se situe aux environs de 46 ans . Il semble « enfermé » dans ses pensées et ne nous offre qu'un petit sourire accompagné d' une poignée de main.
Notre guide lance le top départ ,en quelques secondes tout notre petit campement disparait dans le coffre de la toyota mais la voiture refuse obstinément de démarrer...

SUR LA PISTE GAO TABOYE PAGE 7

Le 19/03/2008

La panne n'est pas bien grave : Problème de batterie. Dans le désert c'est pas extra direz vous!...les bras des occupants de l'autre voiture viennent à la rescousse pendant que j'en profite pour immortaliser ces moments .

abdc4273412bbab8edf9839b45cbcc3b.jpg

Après 3 essais infructueux le moteur hoquète et se met à ronronner. Plus question de traîner maintenant ,Moussa et Mossa chacun dans son véhicule peuvent appuyer sur le champignon . " ah bon ,on trainait! " Je serre un peu plus la poignée ...tant pis ,les photos , je les ferai un autre jour ! Le paysage semi désertique défile sous nos yeux , nous n'avons qu'entrevu les quelques maisons en pisé qui étaient sur la route...un troupeau de chèvres venu de nulle part s'égaille à travers la rare végetation ..deux ânes pas le moins apeurés nous regardent passer... Tout le monde sait que depuis quelques années la folie du 4X4 a touché également les femmes . Ce n'est pas moi qui le dis , des études ont été faites , le rav 4 fait partie du rêv' des baroudeuses du dimanche , ongle bien verni , lunettes posées décontract sur les cheveux...je les imagine le cheveu asséché par le sable (vous savez style la pub pour les cheveux ou le petit gamin reconnaît sa maman en touchant le balai en paille ,j'ai les mêmes cheveux ces jours ci!) cramponnées au volant de leur 4X4 fait pour les routes goudronnées de nos villes , essayant de ne pas quitter la piste pour ne pas se retrouver ensablé . Soyons francs , je pense que conduire dans le désert n'est pas donné à tout le monde et qu'il faut au moins quelques jours d'adaptation. Mais je pense aussi qu'il y a des 4X4 pour "être dans le vent" et des 4X4 pour être "dans le sable" .Par chance nous avons un 4X4 prévu pour le désert . Ce faisant ,j'entends la trappe du réservoir d'essence qui bat au ryhtme des ornières du chemin ! Le 4X4 a quelques années derrière lui , mais je pense que sous les cieux du Mali , encore quelques unes devant lui ! !

Mossa et Aboudakrim se lancent quelques phrases . On ne peut pas dire qu'ils bavardent car il y a tellement de bruit qu'ils sont obligés de hausser la voix pour se parler. Ils utilisent la langue des Touareg ,le tamacheq . Ce n'est pas que je sois curieuse (bon ,oui un peu!!) mais je me sens exclue lorsque les gens autour de moi utilisent une langue que je ne connais pas ; c'est certainement pour cela d'ailleurs que lorsque je suis avec un etranger j'utilise , même si je la parle mal , la langue qu'il comprendra .

Pendant notre « encas étape »nous n'avons pas eu le temps de beaucoup bavarder avec Mossa , Moussa est arrivé au moment où ce dernier m'expliquait que lui aussi a créé sa propre école des sables pour sa communauté de l'autre coté du Niger. Il faudra que je l'interroge plus en détail sur cette école .

Et justement nous voilà arrivés semble t'il , au pensionnat car les deux voitures viennent de ralentir en arrivant dans une lieu presque aussi désertique que les autres.

dc1936080987a237efed685cec5887ee.jpgSur un immense terrain vague ,j'aperçois deux bâtisses rectangulaires .mon regard glisse sur le puits construit à proximité et où une femme de type africain puise de l'eau en tirant sur une corde. Un autre bâtiment légèrement plus petit est un peu en retrait . Lorsque je dis "bâtisse" ne pensez pas à un pensionnat comme celui où Gérard Jugnot débarque dans le film les Choristes ...ici , nulle grille , nul jardin , un seul arbre , minuscule , sous lequel est attaché une chèvre , qui tire sur sa longe toute la journée en bêlant. Le bâtiment principal est la maison d' Ibrahim . Trois pièces : un bureau , une chambre , un salon chambre d'invités . Dehors une partie couverte de moins de 2m de profondeur sur les 6 ou 8 metres que mesure le bâtiment avec , d'un coté , un grand vase de terre qui contient de l'eau fraiche , de l'autre ce qui peut être appelé coin cuisine avec la viande posée sur une sorte de table (et les mouches qui vont avec). L'autre bâtiment , de même forme et même taille est le dortoir , Justement 3 toubab appartenant à la fondation clubmed sortent de la maison de pisé qui porte avec orgueil son nouveau nom de bibliotheque .
30b67d3c57dd3473ed6ec1e11977db72.jpgIls sont venus ici pour offrir leur temps en transformant ce simple abri en une jolie bibliothèque avec bancs , rayonnages etc....Sur l'un des grands murs seront notés les règles de vie « laver ses mains avant d'utiliser un livre , le remettre à sa place etc »...dans quelques jours tous les trésors qu'ils ont apporté avec eux cahier , livres , coloriages , jeux , ardoises prendront place sur les étagères de bois blanc .Pour l'instant ils en sont à peindre , clouer sous les yeux attentifs des gosses.

4 tentes (ne me demandez pas si elles sont bambara ou songhoi ,je ne l'ai pas encore appris) , ont été montées, pour accueillir tout ce petit monde qui envahit depuis quelques jours le sable de taboye
La première et la plus grande est le home sweet home de la « caravane du coeur » :c'est un groupe d'amis qui avec Moussa est venu par route apporter médicaments founitures scolaires et des 4X4 achetés grâce à des dons , pour la communauté touareg de Taboye.
Quoique ne faisant pas partie de cette association ,ni d'aucune autre d'ailleurs , (ce n'est pas dans mon optique) , j'ai participé à leur histoire en m'occupant avec le Lyons club de ma région d'un concert Gospel et en mettant regulièrement sur mon blog quelques notes sur leur aventure.
Lorsque nous arrivons ils s'affairent à quelques besogne qu'ils n'interrompent pas d'ailleurs , seul un "blanc" aux allures de baroudeurs lache ce qu'il est entrain de faire et s'approche en souriant de nous . C'est Maximillian que je ne connaissais que par web et telephone , nous tenant informés mutuellemnt de l'avancement de l'aventure « caravane ».Jamais je l'aurais imaginé comme cela ! C'est drôle comme on se fait une image de quelqu'un à travers sa voix , sa manière de parler ...nous ne sommes pas déçus ! Il émane de sa personne une gentillesse qu'une semaine passée en sa compagnie ne fera que confirmer. La deuxième tente est réservée aux 3 institutrices stagiaires. Quelle chance pour l'école ! Elles arrivent juste au bon moment quand un des instituteurs pour problème de santé à dû être rapatrié sur Bamako (au moment où je recopie ces lignes j'ai appris que jamais il ne reviendra retrouver ses petits élèves ,la maladie a eu raison de lui ,il s'est eteint un beau matin, il n'avait pas 30 ans) .
ae9cfede5860ad559a49c23480781421.jpg

La troisième est réservée aux trois personnes de la fondation club med tandis que je partagerai la dernière avec mon fils car, si ici tout le monde est ami de Moussa , nous avons le privilège d'avoir une grande tente pour 2 car nous sommes ici les seuls vrais « touristes solidaires »
PUB!!!!!: comme nous et pour le même tarif vous pourrez vous aussi vivre des aventures en choisissant "oulked tour" l'agence de voyage de Mossa ..

COURTE ESCALE A TABOYE PAGE 8

Le 19/03/2008

Pour l'avoir vue sur la vidéo de la "caravane du coeur" qui vient de rallier Taboye en passant par l'espagne et le maroc , je reconnais aussitôt la jeune femme brune qui est devant moi : Carole ,l'infirmière .
Un jeune homme blond , dégingandé , s'approche . Il a une allure et un physique très "artiste" ...je le vois très bien peintre ou poète ... encore raté ! Il sort d'une école de comédien et prend le titre de photograph - cameraman, pour l'occasion , c'est Alexandre .
Jullian revient du puits , Stéphane et Méggy nous rejoignent , on se présente , on se serre la main .
Je ne connais aucun d'eux quoique j'ai régulièrement parlé sur mon blog personnel de leur "caravane" et que j'ai mis de courts messages informant de leur parcours quand j'avais des nouvelles par Moussa ...bien peu ,je sais !

Blanche ,réfugiée à l'abri des regards et du bruit comme à son habitude nous aperçoit et vient à notre rencontre .Nous ne faisons qu'entrevoir la famille qui a suivi le périple de la caravane avec son propre 4X4 , « family team » souhaite aller jusqu'à Bourem avant que nous prenions la route pour le campement du père de Moussa Encore un faux départ !J'avoue que je suis un peu agacée! Nous avons déjà un retard d'une journée complete sur le deroulement du voyage dont Moussa nous avait envoyé la plaquette ....

Tous les blancs sont retournés à leurs occupations : les « gens de la caravane » se sont eclipsés je ne sais où , Maximillian est allé faire un brin de toilette au fleuve (ah ! Il y a un fleuve?)
Trouver Taboye sur une carte, c'est de l'utopie!!! j'ai bien essayé, la carte du Mali ,étalée sur la table du Salon à la maison , avec le pendule comme les soeurs Halliwell mais ce dernier a continué de faire de grands cercles au dessus de la couleur uniformément beige du sable ! Savoir que le fleuve Niger coulait non loin de là aurait peut etre facilité mes recherches! Mossa lui aussi a disparu avec les clefs de la voiture dans la poche , je pensais que nous repartirions immédiatement de Taboye , mes appareils photos y sont enfermés . Quant à la caméra , n'ayant que 2 batteries et aucune possibilité de les charger , j'evite de m'en servir , car toujours dans mon super programme il est prevu au camp touareg du père de Moussa , beaucoup d'activités avec les membres de sa famille de Moussa . Il y aura une fête avec de la musique , une ballade en dromadaire, la possibilité d'apprendre à t'occuper des chevres... j'en ai l'eau à la bouche pendant que je traine sur le grand espace de sable déserté...
Assis sur une natte à l'ombre de l'une des tentes ,japerçois le père de Moussa , je me dirige vers lui , et lui demande si ma compagnie ne l'indisposerait pas .Il m'invite au contraire à m' asseoir auprès de lui , nous bavardons un moment ... tout en buvant un thé . Voilà un homme qui sait parler aux femmes! Il me demande mon âge ! Et à mon refus de devoiler cela me propose un nombre qui me convient tout à fait !

5d36964d2bee80114a7d90333fd611fb.jpg

A l'abri du vent et du soleil , des femmes Touareg se sont réunies , petit groupe ramassé sur lui même qui cherche cette ombre bienfaitrice . Elles portent un voile indigo sur leurs cheveux .Vous le savez , chez les Touareg , quoique de confession musulmane , c'est l'homme qui est voilé. Une petite fille au regard coquin et dont les joues rondes se creusent de fossettes chaque fois qu'elle" fait la timide" se cache derrière une jeune targuia , sa maman ,dont je vais apprendre rapidement qu'elle est l'épouse d' Ibrahim . Ibrahim c'est le jeune frère de Moussa , à Taboye il a la charge d'instituteur et de directeur du pensionnat . Pour essayer de m'intégrer je les rejoints et m'accroupis auprès d'une très jeune fille qui enfile des perles multicolores sur un fil pour créer un collier . Vous savez ces colliers de minuscules perles qu'immancablement toutes les mamans de France on du recevoir en cadeau de fête des mères ! Ah ! Vous ,vous avez eu le collier en pâtes....Pas mal non plus !

. J' aimerais leur poser mille questions mais notre seul moyen de communiquer sont les gestes et les sourires ,elles ne parlent que Tamacheq , même la femme d'Ibrahim la seule qui semble parler le français ne me dit que quelques mots quant à sa fille , assise dans le sable , elle joue avec la poupée que je lui ai apporté de France ....quand je pense qu'en France , où tout le monde sait tout, on m'a conseillé de ne surtout pas toucher le sable , meme pas mettre des nus pieds car le sable est rempli de puces qui mechamment vont m'attaquer.
Comme je vous l'ai dit en fait le voyage au Mali c'est attraper toutes sortes de maux....eh bien vous allez voir !

Arnaud a disparu , happé par un jeune ado qui veut lui montrer qu'il sait jouer plus ou moins bien de la guitare sèche .

L'école est finie , une petite troupe de jeunes garçons , les filles étant largement en minorité , filent vers Stephane .Je crois comprendre que Stéphane est leur grand copain ,et que son trafic bleu "sintikile" l'oiseau bleu et rapide ,ajoute à sa popularité .

d82aaddb0a7488a3fca6dd861b5945a3.jpg

Le 4X4 de « family team » est de retour à Taboye . Le ciel a pris les couleurs de l'ambre , sous cette latitude la nuit vient très vite , mais je ne sais plus qui, souhaite faire encore quelques photos pour la remise de quelques cadeaux remis à l'école .La semaine passée pour l'arrivée de la caravane une grande fête a été organisée ,les deux personnes chargées du film et des photos de tout le voyage ont dû mettre en boite superbes ruches et photos magnifiques mais ils semblent avoir besoin d'autres clichés. Quelqu'un met dans les bras d'un des elèves un carton rempli de cahiers livres et stylos tandis que le groupe s'alligne style « photo de famille » ..clic ...clic ...les photos fusent !

le soleil est maintenant couché ,
1cbcbb6b05889edca52ef324e9070e2b.jpg il nous faudrait prendre la route au plus tôt ....Les portes claquent et ... ! Moussa redescends de son 4X4 , s'approche de la Toyota de Mossa dans laquelle Arnaud et moi avons pris place . Le campement est à quelques heures de route et notre véhicule a un « petit » problème : la batterie trop faible ne permet pas d'utiliser les phares , je pense aussitôt que si nous sommes priés de changer de vehicule c'est pour que les « toubabs » soient dans des vehicules sans aucun problème . Mais non ! Les 3 institutrices prennent notre place , tandis que je partage la banquette arrière du 4X4 de Moussa avec un des Touareg,et Carole qui d'après ce qu'il m'a été dit ,musulmane , ne veut pas etre seule fille dans un vehicule occupé par des hommes . Arnaud ,se retrouve avec plaisir en compagnie de Blanche et de « family team » Dans la précipitation , et comme je vais le regretter dans les heures qui suivent , mes appareils photos et camera sont restés dans le vehicule de notre guide...

La nuit maintenant est tombée .
Traverser le désert sous la lune qui est presque pleine est un moment particulièrement fort . Les 5 véhicules se suivent , chacun surveillant dans le rétro si l'autre est toujours derrière. Nous sommes devant car c'est le père de Moussa , qui va nous diriger en suivant les étoiles . Dans la journée , le Touareg trouve son chemin grâce aux reliefs , à la végétation qu'il connaît par coeur , la nuit se sont les étoiles qui lui montrent le chemin et ce soir des myriades d' étoiles scintillent dans un ciel d'encre, saura t'il laquelle choisir ? ....

LE DESERT LA NUIT PAGE 9

Le 19/03/2008

Le désert ,la nuit , prend sous la lueur blafarde de la lune , des allures fantomatiques . Les rares buissons qui se dressent , ne sont que des ombres qui semblent irréelles . Les phares des véhicules éclairent la végétation de leur lumière rasante et la voila devenue vivante : Elle se meut à nos côtés , comme tapie dans l'ombre elle surgit d'un coup puis retourne dans la faible clarté qui enveloppe le désert...disparue cette belle couleur orange du sable , il est pâle presque blanc ...je peste de ne pas avoir pris mon sac d'appareils photos ,Il est resté dans le 4X4 de Mossa quand on m'a demandé à la dernière minute de monter avec Moussa .
A part quelques gerboises appeurées qui filent à toute allure dans la lumière des phares , le paysage nous semble rester désert de toute présence animale ...
Bernard seul détenteur d'un GPS fait des appels de phares. Un arrêt semble nécessaire , les hommes se réunissent . D'un grand geste de la main l'un embrasse l'horizon . Même après l'arrêt forcé dû à l'ensablement de deux véhicules le trajet semble extrêment long . C'est vrai qu'ici , on ne compte pas une distance en kilomètres mais en "temps" . Moussa revient à la voiture avec une voix qui se veut rassurante : nous sommes à une trentaine de kilomètres de Taboye . Ce qu'il oublie d'ajouter c'est que nous sommes "toujours" à une trentaine de kilomètres de Taboye depuis un bon moment! Nous avons fait une immense boucle pour nous retrouver à quelques centaine de metres de la piste où nous sommes passés il y a un peut etre une heure ...

Le paysage est superbe , l'impression que donne le désert la nuit , est une émotion intense , mais cela ne nous empêche pas de savoir que nous roulons depuis plus de 3h pour un voyage qui aurait durer 2 et que aucun campement n'est en vue à l'horizon!
La file de vehicules reprend sa route...les yeux toujours rivés sur l'horizon devant soi et en même temps sans perdre de vue dans le rétro le reste de la troupe .
Tout à l'heure la file s'est brusquement arrêtée derrière nous . Un demi tour , et Moussa a garé son véhicule près de celui de Mossa , immobilisé dans le sable. Impossible de le sortir de l'ornière dans laquelle il se trouvait ! Pire , l'acccéleration avait creusé plus profond le trou dans lequel étaient prises ses roues arrières , Bernard décide de tracter Mossa ....mais pas de chance à son tour il s'ensable ... nous ne sommes pas là avec des néophytes , heureusement . Bernard est un habitué de l'Afrique qu'il a déjà sillonée avec sa "family-team"... Pas de panique on réfléchit calmement , on fait les gestes qu'il faut et quelques minutes plus tard les roues du second vehicule dans un nuage de sable se libèrent de leur étau et la voiture de Mossa suit le mouvement !
Le temps passe...un nouvel arrêt est décidé ...le mot "perdu" ne peut pas être prononcé car nous sommes toujours à moins de 40 kilometres de Taboye ,au pire on peut rebrousser chemin ...nous dirons donc que nous sommes égarés pour un moment car de campement toujours pas ...les reservoirs de certains vehicules sont encore à demi plein mais ce n'est pas au campement que l'on trouvera du carburant , il faut penser au retour à Taboye puis à Gao où là on pourra remplir à nouveau les réservoirs ...Arnaud me rejoint pendant que les hommes sont en grands conciliabules .Il est dans la seule voiture qui a un GPS ,il constate donc sans grand plaisir d'ailleurs que, les étoiles, c'est pas si "au point "que ça ! Peut etre à dos de dromadaire le problème n'aurait pas été le même, car sur notre droite il y a une hauteur que les vehicules ne peuvent "enjamber" .

Il est décidé que si dans un quart d'heure la dune empêche toujours le passage de l'autre côté on bivouaquera ...
Et là je réalise une chose pour le moins ennuyeuse ...Moussa nous avait dit "n'emportez pas de sac de couchage ,il y aura tout ce qu'il faut " ...a t'il vraiment pensé à parler de ce "détail " à Mossa ? Pendant que nous reprenons la route , je pense au moment où nous faisions nos bagages ,quand j'ai dit à Arnaud : "on aurait eu largement la place de mettre nos sacs de couchage !" Quelle idiote de ne pas les avoir pris! Je ne pense pas que les vêtements d'enfants que j'ai apporté pour donner , vont m'être d'une grande utilité...car je préfère ne pas poser la question...je suis certaine de la réponse...il n'y aura pas de sacs de couchage pour Arnaud et moi !

PREMIERE NUIT AU DESERT PAGE 10

Le 19/03/2008

Les flammes s'enroulent autour du bois sec . Bleues , rouges , jaunes , elles le lèchent, on l'entend qui gémit , puis craque dans un feu d'artifice de milliers d'étincelles .Les légères volutes de fumée montent vers le ciel entrainant avec elles ces myriades de petits étoiles qui semblent s'accrocher à la voûte céleste . La Grande Ourse , Orion ...elles sont toutes là , posées comme des diamants dans un ciel d'encre . Le feu , répand autour de lui une chaleur bienfaitrice , le cercle s'est rapproché , et nous vivons intensément ce moment rare . Blanche , s'est éloignée du groupe , pour être en accord avec soi même elle semble avoir besoin de s'imprégner du désert , une solitude à deux ...Arnaud et Maximilian ont préféré aller se promener jusqu'au sommet de la dune accompagnés par la clarté de la lune .

Nos yeux se sont habitués à cette semi obscurité et notre regard peut se porter au loin . Un grand bâton passe de main en main , c'est le bâton des palabres, celui qui le tient doit raconter pourquoi il est là, quel parcours l'a amené à partager avec les autres cette aventure . Les "gens" de la "caravane-du-coeur" ont eu le temps en presque un mois de se connaître , mais pour nous fraîchement débarqués il est difficile de raconter sans se dévoiler tout à fait . Comment en quelques mots expliquer le cheminement de nos pensées , de nos désirs , de nos espoirs qui nous ont menés ici ,à cet instant précis. Le repas était frugal :une ou deux dattes .Pour les plus gourmands ou les plus affamés "family -team " ouvre la guinguette de leur voiture super equipée , qui offre tout le confort dont on peut rêver. Aujourd'hui la carte propose "potages de pâtes à la vache qui rit" un pur délice parait il...Je me contente de 2 dattes. Lundi le 1er jour , j'avoue que j'ai un peu senti mon estomac tirailler mais j'ai avalé depuis tellement de sable que aujourd'hui , mardi 23H cette sensation de faim m'est inconnue . Je me nourris de ce désert qui m'entoure, de ce ciel étoilé, de cette presque pleine lune et mon seul soucis à cet instant est bien matériel : il faudrait que je trouve un buisson !car même si nous buvons peu ....en fait je réalise que depuis le lever ce matin cette préoccupation n'était pas venue à mon esprit. Nous nous éloignons les 3 institutrices et moi...pas de crainte de nous perdre,il nous semble maintenant que nous souhaiterions un peu d'intimité qu'il fait presque grand jour! Quant aux buissons , ils sont vraiment rachitiques!!!
Mossa et Ibrahim sont allés dormir dans des voitures ...il n'y aura pas de photos là non plus de cette mémorable soirée , les appareils photos sont toujours dans la voiture et je n'ai pas osé déranger Ibrahim .

Moussa nous raconte deux contes Touareg , pas de chance , ce sont les 2 seuls que je connaisse ...Mais la fatigue commence à se faire sentir ,

chacun s'installe , Mossa m'a donné une natte et Alexandre me propose une petite couverture en découvrant mon embarras. Ce n'est pas tant le froid qui me gène , mais un léger vent souffle toujours en deuxième partie de la nuit et comme j'ai le nez totalement bouché je suis certaine que demain j'aurai mal à la gorge. Un comble , attraper une angine au Mali! ... Maximilian et Arnaud rentrent un peu plus tard de leur périple. Le froid ne gène en rien Arnaud qui même en hiver se ballade en tee shirt , son gros blouson le protege ce soir largement ...quant à Maximilian , il n'ose déranger celui qui utilise son sac de couchage comme oreiller et se retrouve (en tout bien tout honneur ) sous la même couverture que moi ...

REVEIL DANS LE DESERT PAGE 11

Le 19/03/2008

Je suis la première levée. A cette heure le ciel s'est fait plus clair , mais le soleil n'apparaîtra que dans un moment , immense boule de feu qui va surgir derrière la dune qui me fait face.

Des traces dans le sable me permettent de découvrir que cette nuit nous avons eu des visiteurs et justement un lézard file devant moi et se jette dans un minuscule trou que je n'avais pas remarqué .Le silence emplit l'aube...

Le campement s' éveille , déjà la bouilloire est sur le feu. Arnaud ,s'est éloigné du camp , un peu trop à mon gout ,pour profiter seul de son premier lever de soleil dans le désert, je le vois minuscule ombre que l'on distingue à peine dans un ciel encore sombre .
La dune apparaît peu à peu , magnifique sous le soleil qui se lève d'un coup. Elle perd sa couleur blanchâtre de la nuit et retrouve les teintes chaudes du sable que l'on retrouve au Mali , ce beige orangé si caractéristique de la région . Les photos ne pourront jamais rendre l' immensité de ce paysage , la douceur de ce sable qui coule entre nos doigts aussi immatériel que l'eau . Seule sa chaleur au contact de la peau me permet de réaliser qu'il file entre mes doigts .

f8c0dc145997601b7067dcfe168955e7.jpg

Je monte au sommet en compagnie de Mossa que j'ai retrouvé pour un instant . Clic ...Clic...le campement est tout petit , là bas , blotti entre quelques rares buissons , dans l' immensité du désert , une dune qui se découpe au loin dans le ciel , un beau Touareg dont le boubou vole dans ce vent qui toujours nous entoure dans le désert . La journée s'annonce bien .

c9a350736574b47dab1c8fa866b1d355.jpg

En redescendant Mossa casse une petite branche dans un buisson et m'explique que c'est ce bois que l'on utilise comme brosse à dents. L'extrémité un moment mâchouillée devient filandreuse ..mais quel goût horrible ! Peut être s'y habitue t'on .

0f792c403dd3c4fd506603179bd0f163.jpg

fe42779ab2fe13118a0f8c0d2404c7b2.jpg

Les portières claquent , les moteurs ronflent...nous voilà repartis (toujours pour le 4X4 de Mossa avec l'aide des quelques bras charitables ) Dans quelques kilomètres nous pourrons contourner la dune et reprendre le chemin du campement du père de Moussa , que nous atteignons enfin dans la matinée de ce mercredi . Nous croisons avant d'arriver quelques femmes qui vont un puits , marchant au côté de leur ânes chargés de bidons . Un superbe sloughi , ces chiens du désert dressés pour la chasse et pour garder les troupeaux , court à côté de la voiture en jappant furieusement . Il est superbe . Dans l'effort on voit tous les muscles de son corps se tendre , ses côtes à fleur de peau tant la bête n'a pas une once de gras . Je demande à Moussa de ralentir un peu , pour que le chien reste le temps d'une photo à ma hauteur , mais il a d'autres préoccupations semble t'il! Il veut arriver le premier au campement et une voiture du groupe ayant pris une piste parallèle à moins de cinquante mètres de nous est à deux doigts de nous dépasser dans un nuage de sable. Je peste , j'enrage intérieurement .La photo aurait été magnifique!

ARRIVEE AU CAMPEMENT TOUAREG PAGE 12

Le 19/03/2008

e475ab1e5af6c071a4ce9b813714920c.jpgDeux tentes dressées côte à côte , une autre guère plus grande un peu en retrait , quelques chèvres ...2 ou 3 dromadaires ...C'est le campement . Le soleil est maintenant haut dans le ciel et inonde ce paysage un peu lunaire ...ici pas de dunes , une étendue plate à perte de vue d'un côté qui forme comme un lac de pierre figé et partout ailleurs vers où le regard se porte un sable beige rosé à perte de vue , piqué de quelques buissons et petits acacias . Moussa nous présente quelques membres de sa famille , il nous donne leur prénom qui aussitôt s'envole emporté par le vent qui souffle en petites rafales et soulève des nuages de sable qui nous fouettent le visage . Plusieurs Touareg se réunisent aussitot pour monter nos 2 tentes . Les piquets de bois ont déjà été plantés , il ne faut plus que tendre les tentes de cuir . Chacune d'elle a été confectionnée avec de nombreuses peaux de chèvres cousues l'une avec l'autre . Dans la coutume Touareg , c'est la famille du garçon qui confectionne cette tente qu'il donnera en cadeau de mariage à son épouse . Elle en restera la seule propriétaire ...
Chacun dans le groupe pose ses marques

f4aa409fec7aa52ba3cb60a713afe44e.jpg

Je rejoins les femmes sous la première tente pour les saluer . Les femmes et la petite fille ne parlent que le Tamacheq , difficile dans ces conditions de briser la glace ! un bol passe de main en main , c'est du lait de chèvre , coupé avec de l'eau du puits , sans l'avoir traité au préalable...trop tard , le délicieux breuvage est déjà avalé ...et ne me donnera , ni a Arnaud d'ailleurs aucune indisposition ...arrêtons de penser que la tourista nous guette à chaque fruit ou laitage avalé .
Tout notre petit monde , par petits groupes , prend possession d'un coin du campement : les institutrices , les "3" de la fondations club med , Les "gens de la caravane " , Bernard et Nathalie , Moussa disparaît on ne sait où , il est souffrant sembe t'il , Mossa aussi a une douleur dans le dos probablement due au fait qu'il a dormi dans la voiture et va se reposer dans un autre coin....Maximilian et les 3 ados se réunissent sous une tente pour faire un jeu . Blanche , toujours un peu solitaire s'est un peu éloignée du groupe , elle a besoin semble t'il de se sentir enveloppée par le soleil et cernée par le désert pour travailler .
Sous leur tente les femmes restent assises , l'une d'entre elle fait cailler du lait en agitant inlassablement une outre faite dans la peau d'une chèvre ...regardez la photo ,vous reconnaitrez la forme de l'animal....sur ses genoux , son bébé , sagement installé ne bronche pas ...une fillette joue avec un cabri nouvellement né...la maman prend du bout des doigts un peu de lait caillé et le tend à son enfant qui lui suce les doigts...les heures s'écoulent , c'est le rythme normal de la vie au campement...le petit troupeau de chèvres revient de je ne sais où ...

02b4d52be62b006943a9074caf1d73ac.jpg

SCENE DE VIE AU CAMPEMENT PAGE 13

Le 19/03/2008

3b42a25f2095309982182f7757296417.jpg7dd9cfecb70f7c957185f67f37d6e1e1.jpg

<embed src="http://static.boomp3.com/player.swf?song=d53vtgr_p" type="application/x-shockwave-flash" wmode="transparent" width="200" height="20" allowScriptAccess="always" align="middle"></embed><a style="font-size: 9px; color: #ccc; letter-spacing: -1px; text-decoration: none" target="_blank" href="http://boomp3.com/listen/d53vtgr_p/tinariwen-imidiwan-winakilin">boomp3.com</a><img style="visibility:hidden;width:0px;height:0px;" border=0 width=0 height=0 src="http://counters.gigya.com/wildfire/IMP/CXNID=2000002.0NXC/bT*xJmx*PTEyMTc3MDM2MjM4MTImcHQ9MTIxNzcwMzc2ODM1OSZwPTcwNzUxJmQ9Jm49Jmc9MQ==.gif" />

boomp3.com ... A l'abri du vent , du soleil , de la chaleur , chacun est sous sa tente . Il me semble entendre les pas etouffés d'un animal dans le sable , je tends l'oreille , à n'en pas douter un dromadaire blatère juste derrière notre abri de peaux de chèvres . J'attrape au vol mon appareil photo , non ma caméra ...bon tant pis je prends les deux ! et je me précipite hors de la tente , mais déjà le touareg s'est glissé au bas de l'animal et enlève la selle ...je m'avance vers lui , il ne me voit pas ,il me tourne le dos ... j'admire la superbe épée posée sur le sable .je ne peux pas prendre la photo car un vieux chiffon la cache à moitié .
Je n'ose pas interpeller l'homme à la grande djellaba bleue .D'abord je ne sais pas parler le Tamacheq ,de plus je suis une femme ,et les touareg sont des musulmans , je ne voudrais pas à ma première rencontre avec un Touareg le froisser en l'interpellant. Il me faut seulement quelques secondes pour reflechir à celà , jeter un rapide coup d'oeil autour de moi à la recherche de Moussa , Mossa ou Abdelkrim , mais personne n'est en vue et zut il est déjà trop tard , le grand touareg, sans un regard s'eloigne de quelques mètres pour entraver les pates de l'animal . Je retourne sous la tente un peu déçu , je me console de cette photo qui n'est pas "dans la boite" en songeant aux magnifiques clichés que je pourrai prendre, lors de la longue promenade à dos de dromadaire dont Moussa nous a tant fait réver depuis qu'il nous l'a promis à son sejour à la maison en décembre . En nous donnant le programme prévu pour les touristes , il avait ajouté avec un sourire en direction d'Arnaud :"tu verras ce sera un très beau moment"...en haussant malgré moi les épaule je pense : j'aurai le temps demain de faire des photos ,....
Une heure , ou deux peut etre, passent , dans l'inaction on ne compte pas les minutes qui s'égrainent , non! qui s'étirent . Les jeunes près de moi , sous la tente, jouent à un jeu quelconque ."Family team" à la pointe de l'organisation , a toujours ce qu'il faut dans un coin de ses bagages.
Un remue ménage à l'exterieur me pousse à affronter la chaleur à l'exterieur pour satisfaire ma curiosité . Le groupe des Touareg était seulement en visite pour l'après midi semble t'il ! ils repartent , emportant avec eux les 3 dromadaires du campement . Je me précipite sous la tente de Mossa , tant pis pour mon intrusion dans la tente des hommes! et lui demande de m'accompagner d'un coup de 4X4 jusqu'à eux . Déjà , au pas rapide des animaux qui semblent ne pas poser les pattes sur le sable tant leur foulée est légère , ils s'éloignent ...je veux au moins une photo !
Lorsque je reviens, les femmes , à l'ombre du maigre acacia , viennent d'installer sur une natte leurs bijoux , qu'elles se proposent de nous vendre ...pele mele quelques boites, des sacs en peau , des bracelets de pacotille , des collliers dont Mossa nous dit qu'ils sont en argent ... Je suis , j'avoue un peu étonnée quand même , des bijoux en argent alors qu'ils semblent ne pas "rouler sur l'or" .
Tous les hommes du campement que jusqu'a présent nous n'avions jamais vu tous réunis et que d'ailleurs nous ne reverrrons jamais , s'agglutinent autour de leurs epouses , qui assis , qui accroupis ou debout.
Ouaou !les chiffres qu'elle nous donnent me font monter le rouge au joue...Moussa s'approche , il faut comprendre nous dit il , le prix est élevé car ce sont leurs bijoux , elles s'en privent pour vous les vendre.
Oui je veux bien mais , il n'empêche que si c'est pour les payer aussi chers qu'en France cela m'ennuie , d'autant que je me montre peut être bassement matérialiste mais le sejour que nous sommes les 2 seuls, mon fils et moi à devoir payer nous coûte déjà 900euros sans compter le prix du billet!
Je suis déçue , très déçue , moi qui espérais avoir la possibilité d'acheter plusieurs bijoux pour les proposer en France et rapporter le bénéfice produit, lors d 'un prochain voyage , je ne peux pas prendre le risque !
Déjà plusieurs personnes ont détourné leur regard de cette boutique improvisée .
J'hésite une dernière fois , repose à regret le bracelet que je souhaitais. Celui ci comme pour m'interpeller vole un rayon du soleil pour me jeter quelques reflets . Je me contente d'un collier , il ne sera même pas pour moi mais pour une amie qui a la gentillesse de s'occuper de mon chat "Massai" (un chat noir d'où son nom ) pendant mon absence .
je m'approche de Moussa , profitant qu'il soit sorti pour l'occasion de la tente où il avait disparu depuis notre arrivée.
--Quelles sont les significations des dessins gravés , dis je en lui présentant dans le creux de ma main cette demie lune que semble représenter l'objet.
--Ce sont les forgerons qui font ces bijoux qui en connaissent la signification...
je reste coite . Lorsque Mossa m'accompagnera chez les forgerons il faut absolument que je pense à emporter le collier avec moi pour en connaitre les secrets
Déjà il s'éloigne. Je n'insite pas et m'approche de l'endroit où ceux de la caravane se sont regroupés. Nous prenons le temps de mieux faire connaissance , cette action humanitaire est leur premier essai , j'ai du mal à imaginer qu'ils se soient lancés dans une telle expédition alors que l'association venait à peine de voir le jour . Il y a tant de choses à préparer pour un tel voyage . Rallier Paris à Taboye en passant par l'espagne , la côte marocaine , la mauritanie , ce n'est pas une mince affaire . C'est certain il leur manque beaucoup d'expérience et au lieu de profiter du pays, ils sont souvent réunis sous la tente pour essayer de régler les problèmes qui se présentent à eux , toutes ces choses dont ils auraient dû parler avant le départ et qu'ils doivent aujourd'hui débrouiller dans l'urgence...justement ils ont prévu pour la soirée une "rencontre au sommet" .

Le campement s'est vidé de ses " toubabs " . Les enfants de Nathalie et Bernard se séparent avec regrets d'Arnaud , le courant était vraiment bien passé entre eux et c'était plaisir de les voir tous les 3 en pleins conciliabules ; je pensais qu'ils resteraient plus longtemps avec nous et je n'ai pas eu occasion de bavarder avec les parents ...qu'à cela ne tienne nous nous reverrons en France , pour l'instant il doivent rallier Mopti plus au sud de Gao pour rentrer en France . Ibrahim raccompagne les institutrices à Taboye où leur stage doit se dérouler , Maximilian et "le club des 3 fondationclubmed" rentrent à Taboye où ils prévoient , avec force clous et bonne volonté , d'organiser la bibliothèque du pensionnat . Blanche après une grande promenade à pied avec Arnaud retourne à l'écriture de son bouquin que j'ai grand hâte de voir arriver sur les rayons des libraires . L'écouter , c'est partir à l'aventure , j'imagine aisément comme son écriture doit être fluide , agréable ... Lorsque je la vois s 'éloigner pour vivre "son " désert cela me donne envie d'ouvrir son précédent livre : l'éloge du désert