LE DESERT LA NUIT PAGE 9

Le 19/03/2008

Dans DU COTE DE GAO

Le désert ,la nuit , prend sous la lueur blafarde de la lune , des allures fantomatiques . Les rares buissons qui se dressent , ne sont que des ombres qui semblent irréelles . Les phares des véhicules éclairent la végétation de leur lumière rasante et la voila devenue vivante : Elle se meut à nos côtés , comme tapie dans l'ombre elle surgit d'un coup puis retourne dans la faible clarté qui enveloppe le désert...disparue cette belle couleur orange du sable , il est pâle presque blanc ...je peste de ne pas avoir pris mon sac d'appareils photos ,Il est resté dans le 4X4 de Mossa quand on m'a demandé à la dernière minute de monter avec Moussa .
A part quelques gerboises appeurées qui filent à toute allure dans la lumière des phares , le paysage nous semble rester désert de toute présence animale ...
Bernard seul détenteur d'un GPS fait des appels de phares. Un arrêt semble nécessaire , les hommes se réunissent . D'un grand geste de la main l'un embrasse l'horizon . Même après l'arrêt forcé dû à l'ensablement de deux véhicules le trajet semble extrêment long . C'est vrai qu'ici , on ne compte pas une distance en kilomètres mais en "temps" . Moussa revient à la voiture avec une voix qui se veut rassurante : nous sommes à une trentaine de kilomètres de Taboye . Ce qu'il oublie d'ajouter c'est que nous sommes "toujours" à une trentaine de kilomètres de Taboye depuis un bon moment! Nous avons fait une immense boucle pour nous retrouver à quelques centaine de metres de la piste où nous sommes passés il y a un peut etre une heure ...

Le paysage est superbe , l'impression que donne le désert la nuit , est une émotion intense , mais cela ne nous empêche pas de savoir que nous roulons depuis plus de 3h pour un voyage qui aurait durer 2 et que aucun campement n'est en vue à l'horizon!
La file de vehicules reprend sa route...les yeux toujours rivés sur l'horizon devant soi et en même temps sans perdre de vue dans le rétro le reste de la troupe .
Tout à l'heure la file s'est brusquement arrêtée derrière nous . Un demi tour , et Moussa a garé son véhicule près de celui de Mossa , immobilisé dans le sable. Impossible de le sortir de l'ornière dans laquelle il se trouvait ! Pire , l'acccéleration avait creusé plus profond le trou dans lequel étaient prises ses roues arrières , Bernard décide de tracter Mossa ....mais pas de chance à son tour il s'ensable ... nous ne sommes pas là avec des néophytes , heureusement . Bernard est un habitué de l'Afrique qu'il a déjà sillonée avec sa "family-team"... Pas de panique on réfléchit calmement , on fait les gestes qu'il faut et quelques minutes plus tard les roues du second vehicule dans un nuage de sable se libèrent de leur étau et la voiture de Mossa suit le mouvement !
Le temps passe...un nouvel arrêt est décidé ...le mot "perdu" ne peut pas être prononcé car nous sommes toujours à moins de 40 kilometres de Taboye ,au pire on peut rebrousser chemin ...nous dirons donc que nous sommes égarés pour un moment car de campement toujours pas ...les reservoirs de certains vehicules sont encore à demi plein mais ce n'est pas au campement que l'on trouvera du carburant , il faut penser au retour à Taboye puis à Gao où là on pourra remplir à nouveau les réservoirs ...Arnaud me rejoint pendant que les hommes sont en grands conciliabules .Il est dans la seule voiture qui a un GPS ,il constate donc sans grand plaisir d'ailleurs que, les étoiles, c'est pas si "au point "que ça ! Peut etre à dos de dromadaire le problème n'aurait pas été le même, car sur notre droite il y a une hauteur que les vehicules ne peuvent "enjamber" .

Il est décidé que si dans un quart d'heure la dune empêche toujours le passage de l'autre côté on bivouaquera ...
Et là je réalise une chose pour le moins ennuyeuse ...Moussa nous avait dit "n'emportez pas de sac de couchage ,il y aura tout ce qu'il faut " ...a t'il vraiment pensé à parler de ce "détail " à Mossa ? Pendant que nous reprenons la route , je pense au moment où nous faisions nos bagages ,quand j'ai dit à Arnaud : "on aurait eu largement la place de mettre nos sacs de couchage !" Quelle idiote de ne pas les avoir pris! Je ne pense pas que les vêtements d'enfants que j'ai apporté pour donner , vont m'être d'une grande utilité...car je préfère ne pas poser la question...je suis certaine de la réponse...il n'y aura pas de sacs de couchage pour Arnaud et moi !