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Sur la colonne de droite retrouvez dans le menu mes pages et dans BLOG mes carnets par thèmes .. bonne lecture ..
PAGE 17 : DERNIER MATIN AU CAMPEMENT
Le 19/03/2008
Cette nuit plusieurs fois déjà , les chiens ont aboyé , un animal probablement rode non loin du campement. Malgré l'heure avancée de la nuit je me glisse hors de la tente , la pleine lune qui jette une lumière blafarde sur le paysage me permet de voir le manège des chiens . Comme ils avaient réagis envers moi la première fois ils agissent de conserve pour faire fuir l'intrus. Et de fait après 2 ou 3 "messages " le silence retombe sur le désert . Chez nous on dit " bavard comme une pie " je découvre qu'ici ce doit etre" volubile comme une chève "! Mais ce soir peut être parce qu'elles se sentent protégées par les sloughi tout est calme alors que la nuit dernière le troupeau n'a pas cessé de s'agiter , ou alors êtes-ce simplement le vent ,les chevaux sentent d'avance la venue des tempêtes pourquoi pas les chèvres ! ... Vendredi matin jour du départ vers Taboye , c'est le moment où jamais de prendre des photos . L'objectif est bloqué par le sable...tant pis je tire dessus pour le décoincer ... La luminosité n'est pas assez bonne pour filmer les 3 sloughi mais je ne peux détacher mes yeux de leurs ébats , les mêmes jeux que tous les chiens du monde mais leur grâce ,m'oblige à les regarder . Le soleil vient de se lever ,il a du mal à traverser les nuages de sable qui filtrent la lumiere , et la clarté diffuse devra attendre un bon moment avant qu'elle ne se transforme en un disque d'or .
Déjà dans le campement certains touareg s'affairent tandis que quelques autres se glissent paresseusement hors de leurs couvertures posées à même le sol. . Le feu crépite , jette ses flammes vers le ciel encore pâle , ma conteuse d'un soir s'y réchauffe pendant qu'un peu plus loin un touareg fend du bois avec cette hache très "couleur locale" que l'on trouve sous la tente de tout le monde dans la région...
Deux autres hommes dépecent une chèvre qu'ils viennent d' égorger, en ayant soin de ne pas abîmer la peau. Une fois tannée elle sera échangée contre des denrées nécessaires à la vie : sucre, sel pour les bêtes, mil , thé ...le targui nomade n'a que ses chèvres et moutons pour le troc .
Un touareg , dans une bassine de fer blanc mélange farine ,eau .... je sens que pour notre départ nous aurons , au lieu de confiture et pain un rien rassis apporté de Gao dans nos "provisions de Bouche" par Mossa , un petit déjeuner local avec du pain de sable! Il pétrit longuement la pâte , puis lorsque le sable lui parait suffisamment chaud il repousse les braises , creuse une cavité dans le sable de la taille de la pâte qu'il dépose au fond; il recouvre du sable et des braises , dans quelques minutes il retirera le tout pour faire cuire l'autre coté du pain et dans une demie heure le pain sera cuit à souhait. Un pain sans levain fait juste d'eau de farine et d'un peu de sel mais d'une saveur délicieuse .
Ici tout est simple et pourtant agréable à déguster.Les pâtes au fromage de chèvre ,par exemple ,certains occidentaux trouveront peut être que le goût en est fade , il est subtil à mon avis. Et si vous voulez un petit "en cas" original essayez les dattes pilées au fromage de chèvre sec....
Les jeunes chevreaux pressés l'un contre l'autre pendant la nuit commencent à remuer dans les rayons tiède du soleil je m'approche d'eux et je suis surprise de constater qu'aujourd'hui le plus beau des sloughi , accepte ma présence . Doucement , avec précaution je me dirige vers lui , il s'asseoit indifférent dans une attitude majestueuse .Une photo suffira , à quoi servirait que je le caresse , ici les chiens sont là pour travailler , je n'ai vu aucun geste d'affection envers ces chiens alors que je n'ai pu m' empêcher de caliner les petits chevreaux .
j'avais pourtant entendu dire que pour les touareg le chien , alors que la religion musulmane habituellement ne permet pas de liens privilégiés avec un chien, ont un grand respect pour cet animal . Ils le choient , le caline , l'animal dort sous la tente avec son maitre et parfois même mange le premier...
Le campement ici est il différent dans ces habitudes ou les reportages et films que j'ai vu étaient de belles fables?
Ici les chiens ne recoivent aucune geste d'amitié ou même de merci ,ils sont là uniquement pour garder le troupeau ,ils dorment avec les animaux et s'ils ont faim ils doivent chasser ...pauvres bêtes ,je comprends mieux pourquoi ils sont si maigres ,mais avec cette découverte je perdrai mes illusions sur" Le" Touareg respectueux de ceux dont il a besoin... heureusement tous ne sont pas semblables.
Le troupeau s' éloigne avec le berger , dans ce camp le berger est un touareg aussi long et sec que le baton qu'il tient dans la main ...les chiens après un dernier regard vers le camp s'eloignent eux aussi vers leur travail quotidien .. . Le thé du matin coule dans les verres ...les caravaniers se réveillent ....dans un moment il sera temps de s'engouffrer dans les voitures le vent emportera nos adieux .
Le 19/03/2008
Le voyage de retour vers Taboye a été très rapide ,en ligne droite une petite heure mais nous n'avons pas eu la chance comme Maximillian ,les "club des 3 med" et family team de poursuivre des gazelles, en fait nous n'avons qu'entrevu au loin lorsque nous revenions le jeune berger un petit fennec qui a filé comme le vent en nous apercevant .Au pied d'une dune nous nous sommes arrêtés un moment pour profiter une dernière fois du désert , de son sable doux ....
Dès notre arrivée , Ibrahim nous propose d'aller visiter l'école des sables . C'est un bâtiment unique en banco qui regroupe les 3 classes , les salles sont petites , les murs de pisé y conservent la fraîcheur et les fenêtres sans vitres bien sûr sont occultés par des planches de bois . Pendant que la caravane va filmer d'un coté , Maximilian m'entraîne vers une autre salle de classe . Sur un tableau noir l'institutrice , une songhoi , avec application , écrit quelques mots . A notre entrée les jeunes enfants se lèvent et nous prenons place parmi eux . Une gravure est accrochée sur le mur , avec sa baguette l'institutrice désigne un dessin . Que fait le petit garçon? Tous les doigts se lèvent ... Elevés aux campements ils ont appris avec leur tribu le Tamasheq , langue des touareg , si leur maman est suffisamment instruite elle a dessiné sur le sable la calligraphie des lettres de l'alaphabet tifinagh . Venir à l'école , c'est laisser sa famille pendant de longues semaines , mais aussi découvrir une nouvelle langue , un nouvel univers : des crayons , des cahiers , des livres . Et avec cette institutrice , pas question de parler le Tamacheq qui est une langue inconnue pour elle , autant que le Songhoi peut l'être pour les petits touareg .
Un petit oiseau volette de poutre en poutre , ni l'enfant ni le petit oiseau ne se sentent perturbés par la présence de l'autre ; au dessus du tableau Ibrahim qui vient d'entrer dans la salle nous montre les dessins que l'on trouve dans nos maternelles : un rond jaune , un carré bleu , une étoile verte ...Sa methode pour que les enfants apprennent à reconnaitre les sons est innovante par rapport à nos méthodes . Il sait que l'enfant enregistre l'image comme le son ...aux états unis depuis une vingtaine d'année il existe une université pour les bébés (oui oui vous avez bien lu ) qui préconise de faire connaître à l'enfant en même temps que le dessin du mot , sa calligraphie si vous préférez, le dessin de ce que dont on parle : le chat , le chien , le jardin. Ibrahim a adapté la méthode utilisée pour les personnes sourdes ou mal entendantes , on dessine avec les doigts la lettre ou le son que l'enfant doit prononcer ...il enregistre les 3 choses en même temps : l'ecriture , ce qui parvient à son oreille , et le geste . L'instituteur sans prononcer lui même le mot peut ainsi les aider en bougeant seulement ses doigts . La méthode me semble interessante ,mais est elle réellement appliquée ou ne reste t'elle que dans les projets d'Ibrahim ? car quelques jours plus tard , en bavardant avec mon ami Abdoulaye , instituteur dans une école Songhoi , j'apprendrai que les livres sont fournis pas l'état , que donc le programme devrait être le même partout .
Justement , une des salles du bâtiment , beaucoup plus grande que les autres , accueille les enfants et un instituteur de l'ecole publique de Taboye . L'instituteur , dont une fois de plus j'admire la belle écriture et un texte sans erreurs orthographiques (quel plaisir de trouver en Afrique des personnes qui manient le français sans faute! ) nous explique qu'il s'occupe de 60 enfants de plusieurs niveaux. Une classe de 120 élèves a été partagée en 2 mais l' école publique ne pouvant les héberger ,ils se sont retrouvés à l'école des sables située non loin .
Vous imaginez 60 enfants dans la même classe ,et lorsque nous y pénétrons aucun bruit , chacun s'occupe de son travail . L'instituteur a organisé ses tables par niveau , pendant que les uns font une chose les autres en font une autre. Malgré leur nombre les resultats scolaires sont , d'après ce que j'ai appris plus tard , car pendant cette journée je n'ai malheureusement eu aucune possibilité de parler en tête à tête avec les instituteurs, leur niveau scolaire est bien plus élévé que celui des enfants Touareg .
Les jeunes institutrices qui ont fait le stage à Taboye m'ont donné quelques précisions à leur retour en France , j'espère que "les 3i" pourront nous raconter encore plus en détails ces journées qu'elles ont partagées avec les enfants . mais pour l'instant je peux déjà vous dire qu'iL y a 5 classes , mais les niveaux entre les classes sont très différents comme à l' intérieur des classes d'ailleurs. Certains élèves savent lire d'autres non , certains savent écrire lisiblement et d'autes ne savent pas comment utiliser le cahier... Et ceci même en 5 ème année ...En 1ere et 2è ils sont 12 enfants, en 3è et 4è 17, et en 5è, 9 inscrits mais 7 présents. Les horaires sont très libres. Les enfants peuvent être à l'école entre 8h et 9h.
Nous nous commencions à 9h00 jusqu'à 12h00. L'après-midi c'est de 15h00 à 17h00.. m'ont elles expliqué ,car il est toujours difficile de commencer plus tot et d'être interrompu à chaque arrivée...je n'ai pas bien compris ,car si c'est un pensionnat ils devraient être là au même moment!?
Alors que nous retournions au pensionnat pour voir l'avancement des travaux dans la bibliothèque l'infirmière Carole /Maryam allait au dispensaire pour rencontrer l'infirmier à propos des médicaments .Il etait prévu que la "caravane" laisse des cantines de médicaments à Taboye ,mais il était nécessaire que cela soit géré par un officiel de la santé .
Le repas de milieu de journée pris en commun, réunit à nouveau tout le groupe sous notre tente ...
17H ,nous traversons Arnaud et moi le village encore très calme à cette heure. Quelques poules se promènent en liberté , des hommes sont assis à l'ombre ,bavardant , des femmes vaquent à leurs occupations ou parlent avec quelque voisine sur le pas de leur "tente" ...Si les enfants aussitôt prennent la pause lorsqu'il me voit l'appareil photo à la main , les femmes d'un geste me prient de passer mon chemin . Comment leur en vouloir? Même si l'oeil du photographe a aimé la grâce d'un geste ou la beauté d'un visage , a été touché par la profondeur d'un regard , a admiré une mosaique de couleurs ou simplement a souhaité figer l'émotion d'un moment comment cette jolie Songhai peut elle imaginer que ce n'est pas de l'indiscrétion , de la curiosité , du voyeurisme ... accepterions nous d'être immortalisés sur une pellicule juste pour le cahier de souvenir d'un inconnu. ....
Le 19/03/2008
Devant nous , entre deux tentes , notre regard est aussitôt attiré par un reflet métallique qui se glisse dans la teinte sable de tout le paysage . Le fleuve , serpent d'acier ,file vers l'horizon ...
Nous suivons une "ruelle" bordée de murs un peu délabrés contournons un arbre et là.....c'est un ravissement : un jardin de verdure court jusqu'aux rives du fleuve. A mon regard ébahi s'offre un magnifique jardin potager où se mêlent mille couleurs , une symphonie des teintes vives des tissus africains aux nuances multiples de vert ;Comment vous faire ressentir en quelques mots ma stupéfaction ,en regardant cette volée d'enfants qui s'affairent à leur besogne .
En piaillant ,riant ,se poussant du coude ,les enfants descendent jusqu'au fleuve puis remontent la pente douce , les bras tendus sous le poids des seaux et des arrosoirs , les plus âgés
aidant les plus petits . Dès qu'ils m'aperçoivent ils m'entourent . Les petites mains se tendent et me tirent qui vers un carré de carottes , qui vers un carré de salade .. .ici des betteraves ... là des choux ...et tout ce jardin parfaitement dessiné , chaque plate bande séparée de l'autre par un petit mur de sable , ils sont fiers de me le montrer ! j'ai un peu honte en regardant leur superbe potager et en songeant à mon unique plan de tomates que chaque année je m'escrime à faire pousser ...
Ce jardin leur donne la possibilité d'améliorer l'ordinaire de la cantine en ajoutant quelques légumes à leurs repas mais aussi leur permet avec l'aide de leurs instituteurs de se sentir "importants , responsables" . Adorables enfants qui se promènent près de moi , dont le jardin d'éden est tracé sur une petite pente en haut de laquelle on voit une vieille citerne . Une association anglaise est venue il y a plusieurs mois pour installer un arrosage goutte à goutte mais ils sont repartis sans finir , aujourd'hui la cuve rouillée n'attend qu 'un peu de bonne volonté pour reprendre son rôle.
Mais ici il faut l'avouer personne n'essaye d'entretenir ce qu'on leur donne . Au milieu d'une grande place de sable ,près de l'école j'ai remarqué deux pompes qui se dressent fièrement , mais elles n'interessent plus personne ,elle ne fonctionnent plus et ce sera Maximilian et Stephane qui découvrant cela par hasard vont tenter sans résultat de les réparer.
Des gamines s'approchent de moi , leurs cheveux merveilleusement tressés , lorsque je les félicite pour leurs jolies coiffures des petits gamins partent en courant au fond du jardin à la recherche de la plus jolie fillette ....mais elles sont toutes si adorablement mignonnes! Sur le chemin du retour les enfants de l' école publique nous rejoignent . Le pensionnat avec ces "étrangers" de passage attire beaucoup de jeunes enfants et adolescents ces jours ci !
MUSIQUE DE YOUSSOU'N DOUR
PAGE 20 TABOYE VILLAGE DU SAHEL ENTRE GAO ET BOUREM
Le 19/03/2008
En cette fin d'après midi , alors que le soleil face à moi va se coucher dans peu de temps je suis assise à même le sable devant ma tente , un petit groupe de jeunes adolescentes Songhai s'approche de moi et l'une d'entre elles un peu plus téméraire s'adresse à moi dans un vague français...je les invite à s'asseoir auprès de moi mais notre conversation tarit vite ,émaillée de leurs rires cristallins et leurs petits sourires en coin...j'ai bien l'impression que c'est plutôt vers Maximillian et Arnaud ,assis non loin de là ,que leurs regards régulièrement convergent !mais ceux ci en grande conversation ne remarquent même pas les demoiselles . Elles sont ravissantes ,avec le port altier qu'elles ont souvent lorsqu'elles sont très jeunes
je prends plaisir à être en leur compagnie car une fois de plus il n'y a rien à faire....
Devant la bibliohèque c'est un attroupement général , les enfants touareg à leur sortie d'école se sont précipités vers la nouvelle bibliothèque pour découvrir les trésors qu'elle y recèle.
Au puits une femme aidée de sa fillette tire de l'eau
un peu plus tard c'est peut etre elle qui s'approche de moi , elle ne parle pas ma langue , j'aurais aimé pourtant savoir quelque chose qui me trotte dans la tête depuis quelques jours , au campement aussi il y avait une femme de type africain et c'est la seule que j'ai pu voir piler le mil or quand je me suis approchée d'elle quelqu'un m'a prise par la main sous prétexte de me montrer quelque chose , là , dès que je me tourne vers elle même chose...
Une enième réunion de la caravane se déroule ce soir ,nous privant une fois de plus de cette soirée de récits Touareg devant les 3 thés avec Mossa . Nous trompons notre ennui sous la tente avec les 3club med et Maximilian pour jouer aux dames chinoise ... moment agréable , mais inutile d' aller jusqu'au Mali pour celà !
Quelle idée avons nous eu d'accepter d'aller visiter le Mali cette semaine là! nous avons eu bien sûr grand plaisir à rencontrer les 3 institutrices ,les 3 club Med , Maximilian ou Blanche ,mais chacun d'eux y a un rôle ,qui enseigner ,qui meubler la bibliothèque quant à ceux de la carvane ils doivents organiser tout ce qui n'a pas été murement réfléchit avant le départ... nous sommes les seuls "touristes" avec un programme de visites et activités prévues . Nous sommes ici pour mieux connaitre la region et les coutumes des touareg et vous faire profiter de nos découvertes ...or nous traînons notre ennui d'heure en heure ...
Alors , c' est donc décidé ,demain matin après une réunion de la caravane (oh mais cette fois c'est la dernière c'est promis! ) nous rentrons à Gao ...Blanche souhaite profiter du 4X4 et doit monnayer son passage avec Mossa
Il nous reste 2 jours ,puisque le rendez vous à l'aéroport est lundi 9H, pour mieux appréhender cette ville . Après d'âpres discussions ,Mossa accepte d'emmener Blanche ...nous lui parlons aussi de la soirée de vendredi ,nous aimerions aller dans un restaurant dont un guide "papier" a dit du bien et nous lui demandons de venir partager ce moment avec nous comme invité . Quant à l'après midi du vendredi je lui demande de prevoir une promenade en pirogue jusqu' à la Dune Rose puisque nous n'aurons pas la possibilité de faire le retour vers Gao en pinasse et voir , peut etre , les hippopotames ...En bavardant avec lui j'ai la tres nette impression ,qu'il n'est aucunement au courant du programme que Moussa (son cousin ) nous avait concocté...un oubli de taille cette fois!
PAGE 21 DECOUVERTE DE LA DUNE DE KOIMA
Le 19/03/2008
retour à Gao par la piste BOUREM-TABOYE-GAO ...
panneau de signalisation sur la piste au milieu de nulle part :attention dos d'âne ...on l'aurait deviné!
Le 4X4 ne roule pas il vole ! Et nous avec !!! Petite frayeur quand même lorsque un 4X4 ,qui probablement roule à 70 à l'heure comme nous , sur la piste étroite fonce face à nous ...vous savez comme dans les films ,lorsqu'on se pose la question "qui va donner le dernier ,un coup de volant " sauf que là nous sommes dans l'action et pas assis confortablement dans un fauteuil....je crois qu'à cet instant j'ai oublié de respirer...mais ça passe ou ça casse! Eh bien c'est passé , sans casse ....ouf ....
On se regarde mon fils et moi ,nous sommes livides sous la couleur du sable collé à notre peau ... cette montée d'adrénaline passée nous profitons du paysage qui à mesure que nous nous approchons de Gao devient moins aride , des arbres plus verts , des palmiers , des buissons plus fournis . Les dos d'âne se disputent la piste avec des nids de poules , des ornières , des zones de sable dans lequel nous sentons le véhicule ralentir ... nos rires se mêlent .... et nous arrivons aux portes de Gao
UNE FIN D APRES MIDI EN PIROGUE
La pirogue glisse lentement sur le fleuve nous entaînant vers la dune rose qui au loin , se découpe à l'horizon . Après le brouhaha et l'activité des rives au lieu de départ des pirogues et pinasses, nous apprécions la quiétude qui nous entoure . Mossa nous a confié pour l'après midi à son cousin Sidi , ce jeune homme qui nous avait accompagné sur les bords du fleuve le premier jour..A l'avant du bateau , il écoute sur son mp3 le dernier tube de Tinariwen , au centre du bateau a pris place un homme qui se présente comme un instituteur Songhoi , notre guide pour l'après midi je suppose ....En fait passager "clandestin" mais qui tout au long de la promenade nous a bercé de ses histoires avec son accent plein de soleil . Alors que les braises commencent de rougir dans son petit poele bleu , car même à bord on nous propose du thé , l'instituteur nous rappelle en quelques mots la grandeur passée de l'empire Songhoi dont Gao était le centre le plus important ..
Parfois il est interrompu par l'envol d'un héron ou d'une poule d'eau que le passage du bateau trop proche de la rive a surpris . Au fil de l'eau nous découvrons la vie des Bozzo les pêcheurs .Un homme jette au loin son filet tandis que sur la berge ,devant sa maison de pisé une femme pile le mil Le bateau avance au rythme régulier des efforts du piroguier ;il enfonce une grande perche dans le fond sableux du fleuve , prend son appui , s' arqueboute tend ses muscles et le bateau file , aidé par la force du courant . Sur les rives les paysages et les scènes de vie se succèdent : ici un plan d'eau couvert de nénuphars , ici un endroit dont l'instituteur nous explique que c'est une rizière à certaines époques de l'année , là un troupeau de ces vaches si caractéristiques de la region , là encore des hommes penchés sur le fourrage qu'il viennent de faucher pour les animaux ... Lentement nous nous approchons de la dune qui nous paraissait minuscule et se dresse maintenant imposante au dessus de nous . Elle s'étire vers l'horizon et s'arrète net ici au bord de l'eau ...quelques chèvres s'enfuient lorsque le bateau accoste alors que 2 ânes nonchalents nous regardent . La montée vers le sommet est un peu raide , mais la vue merveilleuse qui nous attend mérite bien ce petit effort . Le sable est d'une couleur magnifique , d'un beige rosé et des milliers de petites particules noires accentuent sa teinte ...j'en récupère un petit flacon qui finira sa vie dans ma bibliothèque en compagnie du sable de Nubie , de celui de thaïlande , celui de guizeh , du Maroc ,de la Tunisie , d'une pierre de capadocce , d'une rose des sables ,d'une concrétion de sel venue du lac Assal ...
Le soleil commence à descendre et il nous faut rentrer , nous allons naviguer à contre courant . La pirogue lentement se déhale ...plutôt que l'inactivité nous choisissons cette fois mon fils et moi de prendre les pagaies ....nous sommes à mi parcours lorsque le soleil nous offre un splendide coucher reflété dans l'eau du fleuve ..nous croisons quelques pirogues débordantes de ...tout ce qui peut se transporter : personnes , chèvres , moutons , fourrage ...un enfant nous regarde en souriant , il s'applique à bien enfoncer la canne au fond de l'eau et ...dans un énorme plouf tombe à l'eau !
Près de nous , les fonds sont très hauts , à fleur d'eau , et une grue blanche semble marcher sur la surface du fleuve .
L'instituteur ne comprend pas bien lorsque la conversation roule vers l'argent et que je lui dis que tout le monde n'est pas riche en France et que certains ont faim chez nous aussi . Il me regarde perplexe et me demande: "pourquoi alors votre pays nous aide au lieu de s'occuper des français ?..."
Le soleil disparait à l'horizon et il fait nuit noire lorsque nous retrouvons la terre ferme . Le telephone portable n'etant jamais loin ,Sidi appelle Mossa pour qu'il vienne nous chercher . Pour remercier l'instituteur dont j'ai enfin compris qu'il n'etait pas notre guide je lui demande de me vendre un de ces poeles que tout malien possède et que l'on trouve pour 4 sous au marché .Mon prix lui convient tout à fait et il s'empresse d'aller en chercher un . Moins d'un quart d'heure plus tard Mossa nous dépose à l'hotel où nous retrouvons Blanche qui avec application ...travaille toujours à son livre. ...rendez vous est pris pour 20H avec Mossa
PAGE 22 LE CHAT A MANGE LA LUNE ( expression malienne)
Le 19/03/2008
21H 30 nous sommes toujours à l'hotel , Arnaud trépigne , le repas de midi est bien loin , Blanche et moi bavardons avec un client de l'hotel ...ce soir l'auberge accueille plusieurs personnes. Certaines très sympas avec lesquels un simple bonjour suffit pour que l'on se raconte nos derniers coups de coeur en buvant un verre d'eau fraîche ,d'autres qui se précipitent dans leur chambre le nez dans leurs souliers .
"Notre" chambre avec douche et toilettes est occupée , nous partagerons donc une grande pièce avec Blanche , et quand Maximilian arrivera demain soir il aura, lui aussi , son lit dans notre "home sweet home" .
Des parfums de cuisine réveillent nos papilles , l'homme qui s'approche doit être celui que l'on peut considerer comme le responsable des lieux ,car lui seul s'occupe de nous alors que les autres ne semblent être là que pour lui tenir compagnie . Sans un mot il installe la nappe , dresse le couvert et apporte le repas aux voyageurs d'un soir , Nous nous éloignons d'eux pour les laisser profiter de la salade maison et frites poulet .
Ali , notre ami du premier soir vient nous saluer . Il n'a pas de mal à comprendre que nous sommes largement agacé par l'attente , gentiment il nous propose d'appeler un taxi lorsque dans un nuage de sable un 4X4 freine devant le portail .C'est la voiture de Mossa mais point de Mossa . On nous explique vaguement que de la famille est arrivée chez lui , nous sommes ennuyés par ce changement de programme , non pour l'absence de Mossa ,mais pour cette soirée largement entamée , nous avons tous des portables il aurait pu nous passer un appel . Les 2 Touareg nous déposent devant les portes du restaurant , nous n'avons que le temps de leur demander leur numero de portable pour les appeler en sortant avant qu'il ne s'eloignent ...
Le restaurant semble bien calme , le "livre guide" , dont je tairai le nom promettait pourtant une ambiance musicale!
Deux personnes bavardent sous une tonnelle en sirotant une boisson. Il semblerait que ce soir c'est relâche! Quant au diner : "impossible ,il n'y a plus rien à manger ,il est 22H nous repond la dame derriere la banque de pierre" , déjà elle retourne à ses occupations tandis que son gamin les yeux rivés sur la petite tv installée sous son nez est reparti vivre les aventures d'un quelconque heros.
Nous nous regardons avec une petite moue qui en dit long et un haussement d' epaule .... on la sentait venir cette nouvelle ! qu'à cela ne tienne , nous appelons le numero du portable et....le numero n'existe pas....on respire un grand coup , on prononce le mot "hippopotame" il parait que ça calme ! Et on rerentre dans le restaurant pour demander s'il est possible de nous indiquer un resto .
Un adorable petit garcon d'une dizaine d'années immédiatement se lève pour nous accompagner vers ...une soirée privée ! là de la musique il y en a à tue tête avec des africains qui ont sorti leurs beaux costumes et leurs belles robes ...mais pour l'instant nous ce que l'on souhaite c'est avaler quelque chose . Le jeune garçon tout aussi serviable nous accompagne donc dans un restaurant très local . En fait le genre de resto où on n'ose pas rentrer de peur d'attraper la tourista ...cela aurait été une erreur de ne pas passer la porte ! Nous traversons une petite salle sous le regard intrigué d'un groupe de maliens , tout un côté du réduit est occupé par une grande table de bois où s'affaire un africain , un grand couteau dans une main . Un délicieux parfum d'oignon grillé nous réconcilie avec le cadre ..non non il vaut mieux ne pas trop regarder les détails !
La carte, une grande ardoise accroché sur un mur qui a dû etre blanchi à la chaux il y a pas mal de temps , a l'air très alléchante : couscous , salade , omelette ... un choix de rois et de reines et à un prix dérisoire . La commande passée 1 couscous , 2 salades et 2 omelettes , le "cuisinier-maitre d'hotel-plongeur" nous accompagne à notre table dans la cours , après avoir vivement essuyé ses mains sur le torchon jeté sur un tabouret . Deux tables sont occupées par des hommes . Sur un banc deux femmes regardent la télévision où une émission politique déverse un flot de paroles dans une langue qui nous est inconnue. Le cadre est "local ",les bassines trônent dans un coin , quelques chiffons de tissus pendent sur une corde à linge...Blanche est allée à l'épicerie à quelques mètres de là pour acheter une bouteille d'eau cachetée . L'argent ? Nous n'avons que des billets mais elle promet au marchand de revenir payer dès que le repas sera fini et que nous aurons de la monnaie . Essayez cela en France! Pendant ce temps le "cuisinier " à qui j'ai demandé s'il avait une serviette m'apporte ...une serviette de bain...nous sommes trois ! Seule j'aurais eu une serviette de toilette ! On se regarde et l' on se met à rire , enfin pas trop fort pour ne pas déranger les gens autour de nous , qui je l'avoue nous jettent des coups d'oeil un peu curieux ! Ce repas fut un délice ...
L'émission politique achevée nous avons été accompagnés dans notre repas par une émission religieuse , les notes d'un gospel s' élèvent , c'est la même congrégation protestante que ceux qui ont chanté pour le Gospel de Toulon, celui que le lions club avait organisé pour les enfants de l'ecole des sables de Taboye et pour laquelle je représentais Moussa , parti avec" la caravane" ....la boucle est bouclée ...
...et comme un clin d'oeil venu du ciel, en levant les yeux vers les étoiles nous constatons que "la pleine lune a été mangée par le chat" comme dit le proverbe touareg ; nous avons droit à une éclipse ...moment sublime !
photo aimablement pretee par Maximilian Stemp
Dehors le jeune garçon n'a pas quitté sa chaise , il nous attend pour nous raccompagner , et si nous ne lui avions pas donné quelque pièces il n'aurait rien demandé ...l'épicerie est toujours ouverte , Blanche va payer nos dettes . Comme nous ne savons pas du tout où nous sommes , nous appelons Mossa , qui cette fois (je pense que notre ton y est pour quelque chose )ne tarde pas à venir nous chercher . Quelques minutes plus tard nous nous abattons sur notre lit ...(tiens ,dans cette chambre il n'y a pas de moustiquaire !) ..journée remplie de souvenirs ! ça c'est une journée réussie , avec ses bons côtés et ses moins bons ,mais une journée pour laquelle on peut choisir ce que l'on veut garder au fond de son coeur : un diner dans un resto où je vous invite à aller si un jour vous passez par Gao , une ballade fantastique en pirogue , des rencontres éphémères mais combien riches ...
Une journée parfaite si nous avions pu profiter de nos trop longs moments d'inactivité pour déambuler dans le dédale du marché ....mais bon , le bel espagnol était bien sympatique . On ne peut pas tout avoir quand même!
PAGE 23 A LA RENCONTRE DES ARTISANS
Le 19/03/2008
C'est aujourd'hui notre dernière chance de rapporter en France des souvenirs impérissables . Levés tôt , comme tous les jours , nous souhaitons profiter de ces derniers instants pour voir tout ce qu'il ne nous a pas été donné de voir . Comme nous n'avons qu'entre aperçu le marché, lorsque Abdoulaye l'instituteur vient nous dire bonjour et nous proposer ses services pour la matinée, nous acceptons avec plaisir son offre . Si hier j'ai refusé de lui donner en plus de la location de la pirogue les 10.000 F cfa qu'il me demandait c'est uniquement parce que Sidi et Ibba étaient censés être déjà nos guides , Pour la matinée il accepte très satisfait semble t'il mon offre . Nous sommes d'accord pour que, dès l'arrivée de Mossa qui avait parlé en début de semaine de la visite d'une mosquée et d'un musée , nous nous séparerions .
Alors que nous marchons d'un pas rapide tout en bavardant , une charette,simple planche reposant sur deux gros pneux ,et tirée par deux petits anes gris nous dépasse . Le conducteur nous propose de monter à bord de son " carosse " , nous déclinons l'invitation , une nouvelle expérience que nous devrons tenter pour notre prochain séjour à Gao ! et la liste s'allonge de tout ce qu'il nous faudra absolument faire, ou voir , mais à cette heure nous préférons marcher d'un bon pas pour atteindre au plus vite le coin des artisans . Sur le chemin Abdoulaye nous explique qu'il y a à Gao une école catholique tenue par des soeurs et une ecole protestante .
L ' école où il est ,lui même instituteur est une école publique , située dans l'ile en face de Gao , elle est récente et a 3 enseignants et une enseignante , il est payé par l'état et loge dans une famille d'accueil. Son explication est très "carrée" , un peu dans le style réparbatif des livres de Géo d'autrefois : Les enfants entrent à l'ecole à 7 ans et à 13 entrent au collège. Les écoles à Gao enseignent la premiere année complètement dans la langue de l'ethnie principale , ce qui signifie pour Gao en songhoi et à partir de la deuxieme année la langue utilisée est le français ,mais le français que l'on parle à Gao avec ses tournures ses erreurs , son accent aux " r " roulés et ses i qui ressemblent aux é . D' Ailleurs si vous ecoutez, tous les africains parlent le français de la même manière . Comme nous en France où souvent l'enseignement de L' Anglais et de l' Allemand est dispensé par des français , là bas, se sont rarement des français pure souche qui enseignent la langue .
L'enfant peut le matin avant d'aller à l'ecole ou le soir après la sortie des cours, se rendre à l'école coranique, là on lui enseignera les pilliers de l'islam ,le Coran: répéter sans cesse les versets jusqu'à les savoir par coeur , savoir les ecrire aussi pour les plus studieux et les plus doués.
La journée d'école commence à 8H semble t'il et s'achève vers 17H . Nous sommes dans une ville d'ecoles sedentaires ...notre conversation est interrompue car nous arrivons devant un portail qui s'ouvre en grinçant sur une petite cours .Devant nous se dresse un bâtiment qui regroupe plusieurs artisans , nous n'aurons pas l'ambiance des marchands à la sauvette , ou des étals de marché mais nous aurons au moins la possibilité de voir dans leurs minuscules boutiques une multitude d'objets locaux .
Nous montons une volée de marche et je découvre que j'aurais pu tromper l'attente de notre premier après midi seuls à l'hotel , si j'avais su qu'ici on pouvait se faire tresser les cheveux . Il n'y a qu'à regarder les jolies coiffures des femmes et des enfants de cette région pour comprendre que toutes ethnies confondues, les parures dans les cheveux sont un point essentiel de la beauté féminine . J' étais d'ailleurs restée admirative devant les superbes coiffures ou les perles se mêlaient aux tresses des voyageuses croisées à l'aéroport .Je pensais pouvoir faire une scéance coiffure au campement je l'avoue ,car on m'a toujours parlé de la coquèterie des femmes touareg ...HUMMMMMMM?
Comment vous faire admirer la courbe d'un bijou ,la beauté d'un bracelet , le travail d'une selle de dromadaire , le détail d'une épée touareg . Un parfum de cuir flotte dans la boutique qui propose cartables , trousses , ou boites . Le vendeur touareg ,un malien du plus beau noir et qui n'a de Touareg que l'habit ,m'explique que nous sommes probablement parmi les derniers touristes dans la région de Gao , l'avion direct "Marseille Gao" est supprimé jusqu'à l'automne .Il faut comprendre que les prix soient élevés m'explique t'il car vous êtes notre dernière chance de nourrir nos familles ...tant pis je me contenterai d'un bracelet . Derrière moi je reconnais les intonations de Mossa...
Le 19/03/2008
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Abdoulaye comme promis nous quitte mais nous lui proposons de nous retrouver dans un moment à l'hotel restaurant " Sahara Passion ". Mossa a l'air pressé ,nous nous empressons de le suivre mais je traîne quand même un peu derrière pour faire prendre quelques clichés supplémentaires et je n'ai que le temps de sauter dans la voiture avant qu'il ne démarre.
Le véhicule longe un grand mur ,et Mossa nous explique que c'est le stade ...foot ou rugby nous ne le saurons pas mais comme je sais que ces temps ci l'une des "figures" du rugby dans ma ville , fait une enquête sur ce sport chez les jeunes au Mali je pense immédiatement rugby tout en étant peut etre totalement dans l'erreur .
Le 4X4 vient de s'arrêter près d'une camionnette garée au bord de la route en plein soleil . Les portes largement ouvertes nous laissent voir une multitudes de bidons jerricanes de toutes formes ,toutes couleurs , tous matériaux . Cela ressemble étrangement à ce qui pourrait être une annexe de station service si les règles de securité que nous connaissons ici étaient largement oubliées !!!
Un flot de musique est déversé par un haut parleur , dont on ne sait pas où il se trouve ... un spectacle local peut être ? non c'est Hélène Ségara ! Mossa remet en marche le véhicule qui après un saut de puce se gare à nouveau en bord de route , là bas, ni place de parking , ni trottoir , tout le monde se partage le "pavé " sauf qu'il n'y a pas de "pavé "! les rues sont en majorité simplement tracées entre les murs de banco , routes de sable qui sillonnent la ville , et dont une seule à ma connaissance est goudronnée .
Un homme posté à l'entrée , quitte sa guérite pour venir à la rencontre de Mossa . Nous ne voyons de la mosquée que ce qui monte à l'assaut du ciel car elle est ceinte de hauts murs . Mossa s'adresse à moi et me demande si j 'ai envie de la visiter .Je pense dans mon for interieur "Bien sûr , nous sommes ici pour cela !" En haussant les épaules je lui réplique un peu étonnée quand même :"ben je voudrais au moins la prendre en photo ! " Et en disant ces mots je descends de voiture suivie d'un Arnaud un peu perplexe aussi . Mossa semble marchander avec l'homme ... La cours est ombragée ...il émane de ce lieu une quiétude qui nous envahit. La mosquée qu'on nous avait désignée comme la pyramide de Gao ressemble à un gros tas de sable piqué de centaines de gros rondins de bois . Une oeuvre de sable comme les enfants aiment à en construire au bord des plages mais sans que leur imagination n'ait été dictée, transformée par la gravure du châ teau d'une quelconque princesse. Une envolée de petits gamins se précipite sur nous pour nous expliquer avec force gestes et peu de mots français que pendant notre visite ils surveilleront nos chaussures déposées sur les marches de sable pour quelque menue monnaie Le guide débite d'un ton monocorde le texte trop bien appris et au demeurant fort intéressant , un peu comme l'enfant qui oublie de respirer pendant qu'il récite sa page d'histoire , nous le suivons et après la clarté vive de l'exterieur nous trouvons la lumière tamisée du premier couloir où les femmes musulmanes à l'abri des regards des hommes viennent le vendredi faire leurs prières. Nous avançons vers l'antre du tombeau , traversons le deuxième couloir ,celui réservé aux hommes . Là , côte à côte , tournés vers la Mecque , après que le Muezzin les aura appelés à la prière , ils adoreront leur Dieu .
Nous longeons un minuscule chemin escarpé , accroché au flanc de la mosquée puis nous suivons un couloir où par endroit il faut presque se plier en 2 afin de ne pas se cogner au plafond très bas , grimpons une très haute marche et atteignons le sommet de la construction . C'est de là que à chaque heure de prière le Muezzin lance son appel aux fidèles . Peut etre son chant ici est il aussi beau que celui qui m'a réveillé hier matin à Taboye ,ce n'etait une psalmodie monotone comme j'ai pu en entendre au fils de mes voyages en Egypte ,en Turquie , en Tunisie, au Maroc, mais un véritable chant avec se nuances , sa mélodie . La visite est déjà terminée , nous retrouvons les jeunes gamins et n'avons que le temps de quitter ce havre de paix lorsque une dizaine de touristes envahissent les lieux . Ils ne pourront pas y retrouver les mêmes sensations de sérénité que nous , car leur groupe pépie à qui mieux mieux .
De retour à l'hotel nous retrouvons Abdoulaye qui, assis sur un petit muret devant l'entrée , bavarde avec deux autres maliens , tout en feuilletant un livre que je lui ai donné . Le repas ne nous sera pas servi avant longtemps je m'assieds près de lui et pendant un moment nous causons comme de vieux amis ,échangeons nos e-mails et chacun retourne à sa vie . Pour lui demain ce sera l'école , pour nous le retour vers la France ... Blanche est assise à sa table , son thé a refroidit ...Elle nous regarde , nous sourit et se lève comme un ressort , la pétillante jeune femme a besoin après sa matinée passée assise dans les jardins du Sahara passion de bouger . Elle exécute sous les yeux un brin ahuri d'un client de l'hotel , une roue ,elle s'étire , puis se met à rire ,d'un rire si joyeux qu'il n'en fait même pas taire les oiseaux ... l'après midi passe , le "farniente" ici prend sa pleine valeur, son veritable sens ...