La nuit vient de tomber , il doit être 18 h et le bruit de la ville se fait différent, les oiseaux se sont tus et leur gazouilli est remplacé par le cri cri des grillons, au loin le chant du muezzin une nouvelle fois appelle à la prière , c'est la 4eme , celle du coucher du soleil.
Le souffle léger du vent fait frissonner les feuilles , il fait tiède ...la chaleur pendant cette journée n'était pas écrasante , nous n'en avons pas souffert ni de la soif d 'ailleurs , nous avons été plus gênés par ce manque d'humidité dans l'air qui assèche la bouche , et ce vent omni présent qui oblige à chaque inspiration à inhaler autant de sable que d'air !
Les bêlements des troupeaux se mêlent aux cris des enfants qui jouent devant leurs maisons de pisé...
Seuls "blancs" dans l' hotel nous avons droit à la plus belle chambre avec wc et douche ! Le luxe quoi !
chambre pour 2 avec salle de bainWC ....ça c'est ce qu'on pourrait lire sur le catalogue s'il en existait un. ...suivez moi donc et visitons là ...
Nous longeons un couloir faiblement éclairé , la porte s'ouvre sur une pièce sans fenêtre ,une fois trouvé l'interrupteur :au fond à droite vous caressez le mur à taton et vous trouvez au bout de plusieurs minutes ou alors vous allumez votre lampe de poche...vous découvrez un pièce sommairement meublée d'une table de bois poussée contre le mur de gauche, une chaise et un lit ...enfin un lit de là bas ...c'est à dire un sommier de bambou tressé et un fin matelas de mousse d'une epaisseur de 2 à 3 cm. On partagera le même lit avec mon fils ...il n'y a pas le choix...
Une grande moustiquaire recouvre le lit que je devrai partager avec mon fils, Arnaud ,une moustiquaire qui a fait son temps et dont l' efficacité a été renforcée par des gros morceaux de scotch noir pour boucher les trous. De Toutes manières, Arnaud, à force de tourner et de se retourner sur ce matelas bien inconfortable, posé sur le sommier de bambous, sera au milieu de la nuit totalement saucissonné dans la moustiquaire et le seul et unique moustique qui vrombit avec plaisir autour de moi pourra à loisir me considérer comme un met de choix. En me donnant les claques inutiles je repenserai à notre attente devant le bureau d'enregistrement où pratiquement toutes les conversation ont tourné autour de
__ "quels médicaments prenez vous contre le paludisme ?"
__ nous rien , pour un séjour d'une semaine inutile de se mettre martel en tête , nous serons de retour en France dès les premiers symptômes , il suffira à ce moment d'agir nous a expliqué notre médecin habitué aux voyages en terres africaines.
Je traverse la chambre qui donne sur la salle de douche, une pièce , où se trouve la seule fenêtre , enfin fenetre pas baie vitree ! ouverture de 50 cm sur 50 cm dans la partie haute du mur , pas de vitre bien entendu et une planche qu'on rabat pour occulter la lumiere et empêcher la chaleur de rentrer . D'un coté WC et de l'autre un pommeau de douche au plafond et un trou d'evacuation au sol ....
Une douche plutôt froide (il ne faut pas pousser quand même on a douche et wc dans la chambre on n'allait pas en plus avoir l'eau chaude!) et nous voilà dans le jardin. La chambre est agréable mais , planche de bois rabattue , la lampe ne jette qu'une lumière un peu palichonne , il est donc bien plus agréable de profiter de la douceur de l'exterieur.
Sous une tonnelle construite avec des bambous et recouverte de nattes , trois ou quatre maliens se sont réunis , à l'abri des regards ,mais toujours prêts à nous rendre service si nous le souhaitons...à Leur rythme bien entendu ...il faut bien attendre 10 minutes pour qu'une bouteille d'eau nous soit apportée ...à nous de penser à la demander avant de mourir de soif et prévoir qu'il leur faudra au moins autant de temps pour venir rendre la monnaie, s'ils n'oublient pas ...
Les hommes tout en bavardant préparent le thé. Quelques braises dans leur petit poêle ,la petite théière bleue , les petits verres voilà la panoplie de tout malien . Qu'ils soient Bambara , Songhai , Peul ou Touareg , tous ils boivent ces 3 thés n'importe où , n'importe quand , tous ils vous offrent de partager ce breuvage...
Il fait maintenant nuit noire et la cours de l'hotel est parsemée des taches de lumière que créent les lampions disséminés .
Le repas nous est servi dans de la porcelaine made in China , poulet frites. Mac Do n'a qu'à bien se tenir car les frites sont succulentes .Il faut avouer que nous avons "grand faim" ! Ce matin nous quittions la maison à 4H et ce n'est pas le petit "en cas" dans l'avion affrété par point Afrique qui a rempli nos estomacs ! ni ce coucous délicieux mais où deux minuscules morceaux de viande se battaient en duels ...pour mon ado de 15 ans c'est l'horreur! Les frites glisseront rapidement de mon assiette dans la sienne!
A celles qui souhaitent un séjour remise en forme je propose quelques jours à Gao : le vent de sable vous permet une exfoliation quotidienne du visage , vous aurez en quelques heures et malgré une crème écran total une jolie couleur de sable , et vous perdrez quelques grammes étant donné la légèreté des repas.
Ali ,mi Songhai mi Peul , gentiment vient bavarder avec nous .En fait ,il était venu pour nous proposer des chemises locales "très " voyantes ,mais devant le peu d'intéret que nous avons pour ses tissus et vêtements , il prend une chaise et vient s'asseoir près de nous . Dans son français très "local " , il nous explique que le pont construit à Gao depuis peu, a beaucoup nuit au commerce dans la ville . Autrefois pour passer le fleuve il y avait un bac nous raconte t'il avec nostalgie . La nuit il ne fonctionnait pas ,Gao était lieu d'étape obligée et les bouchers y trouvaient là une manne essentielle à leur survie . Mais depuis que ce pont enjambe le Niger le bac a vécu ses dernières heures, et la modernité cause un manque à gagner qui déjà se fait ressentir dans la cité ...moi ,je suis tailleur ,et j'ai trois enfants ...ce n'est pas le travail des hommes de vendre mais si je veux rapporter de l'agent pour nourrir ma famille je dois accepter les taches qui incombent aux femmes...
Près de nous l'eau bout dans la théière...les trois hommes continuent de deviser . Songhai , Bambara , Peul , ou Français , nous entendons seulement le doux ronronnement de leurs voix . Deux Touaregs venus nous proposer quelques babioles plient bagages. Moussa nous a demandé d 'attendre d'être à son campement pour acheter ce que nous souhaitons. Cela nous fait un peu de peine de voir ces hommes déçus , ranger leurs trésors . Nous leurs aurions bien acheté tous leurs bijoux , tissus , boites , en sachant pertinemment qu'ils nous les ont proposé 5 fois leur valeur , en espérant avoir ainsi la solution pour faire vivre quelques jours supplémentaires leurs familles.
Il se fait tard et Ali nous souhaite le bonsoir,il va rejoindre ses enfants qui l'attendent pour diner ...on dine tard au Mali.
Moussa n'est pas venu nous rejoindre , un nouveau rendez vous je suppose...en France où ici c'est toujours pareil ! ...
D'un geste de la main nous disons " au revoir" à notre hôte et à ses amis ,nous quittons le jardin ,suivons le couloir très faiblement éclairé et trouvons tant bien que mal la porte qui s'ouvre sur notre chambre . L'interrupteur se situe sur le mur du fond à droite , en songeant à la taille des lézards qui à cette heure visitent peut etre eux aussi la chambre, je me désespère d'avoir posé la lampe de poche sur la table au fond de la chambre ...