LEVER DU JOUR SUR GAO PAGE 4

Le 19/03/2008

Dans DU COTE DE GAO

Au loin le Muezzin vient de faire son premier appel à la prière. 3H10 et sa voix enveloppe la ville ,nous sommes déjà réveillés ne voulant rien perdre de cette vie qui va peu à peu se secouer de son sommeil . Par 3 fois , au lever du soleil , il appellera les fidèles toutes les demies heures. Au loin un coq fait retentir son chant mais il faudra attendre deux bonnes heures avant d'entendre le son pétaradant des mobylettes. Comme disait Ali , hier soir : " si les routes n'étaient pas de sable nous pourrions utiliser des vélos mais ici c'est trop dur alors nous utilisons "la mobylette ".
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Le ciel sort peu à peu des brumes de la nuit et mon regard glisse sur ce paysage dont j'ai envie de m'imprégner Le soleil se lève à peine, il coule sur les toits , s'infiltre dans les petites cours alors que le silence peu à peu s'efface au profit des bruits de la vie . Installée sur le toit en terrasse de l'hôtel, sur la pointe des pieds derrière le parapet j'essaye de plonger dans la ville qui s'éveille, je ne veux pas rater une miette de cette vie, de cette ville , qui se dévoile pour moi . De la haut , mon regard embrase tout Gao qui s'étire au loin jusqu'à l'horizon.
Comme dans tous les pays du nord de Afrique les toits sont plats, terrasses d'agrément parfois, mais aussi lieu de choix pour faire sécher l'herbe que l'on trouve au bord du Niger et qui sert de nourriture au bétail.
De mon abri, loin des regards j 'ai quand même un peu honte de jouer les paparazzi ! Mais non , je souhaite seulement des moments de vie , et une photo, si la personne se sait regardée n'aura jamais ce naturel . Je reste pourtant sélective , le clic de mon appareil photo ne resonnera pas lorsque certains instants me sembleront trop indiscrèts , trop personnels ....
Je ferme les yeux , et aspire un grand coup de cet air qui m'enveloppe , je suis submergée par les émotions.Quel plaisir de vivre ces instants privilégiés...

....L'adolescente prend du sable dans une main et avec application frotte la bassine de fer blanc . Plusieurs fois elle renouvelle ce geste . Quoi de mieux lorsqu'il n'y a pas d'eau pour faire la vaisselle .
Installée devant le mur du jardin de sa maison , au bord de la route elle a fait un trou pour ne pas utiliser le sable de surface . Puis elle rince ses mains dans l'eau du seau de fer blanc et elle jette un peu d'eau dans la bassine pour éliminer le sable. Avec la gâce naturelle de ces femmes africaine ,l'adolescente d'étire avant de continuer son ouvrage.

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Une jeune femme sort d'une maison , un bébé dans les bras. Avec le même geste que toutes les mamans d'afrique déjà ont effectué mille fois au cours des siècles ,elle fait passer le bébé par dessus son épaule droite , le fait glisser à califourchon sur son dos , se baisse en avant pendant que l'enfant prend place tout naturellement . Une grande bande de tissus qui recouvre le corps du bébé ramenée en avant , un noeud pour le haut , un noeud pour le bas . Le porte bébé est prêt en un tour de main .La tête appuyée sur l' omoplate de sa maman Bébé pourra toute la journée l'accompagner dans ses travaux .

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Justement un peu plus loin une femme sans âge , pliée en deux , à l'aide d'une hache constituée d'un simple manche d'acacia mal dégrossi et d'une lame de fer affûtée , coupe du bois puis prépare le feu . Des enfants jouent assis dans le sable . Une charette passe se rendant probablement au marché...

Dans la cour d'un jardin une vieille femme assise bavarde avec une jeune femme tout en remuant une longue cuillere de bois dans une grande marmite...une autre ,à l'abri des murs qui entourent un terre plein sort de sa tente construite en nattes et étend des pieces de tissus . Comme les ménagères du siècle dernier chez nous elle a probablement utilisé la cendre de bois pour laver son linge.

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Quelques bruits commencent de monter jusqu'à moi venant du jardin de l'hotel . Nous sommes les uniques clients et le maitre de séant , trainant les pieds dans le sable dresse notre table pour le petit dej . D' un geste précis il jette la nappe de tissus à carreaux sur la table de jardin en plastic alors que je descend precautionneusement l'escalier étroit qui mène sur le toit.
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Le petit déjeuner est servi : pain , beurre, confiture ,café ...on pourrait presque oublier que ce n'est pas la France !
Un jeune chat un peu maigre approche craintivement de nous , après être descendu de son observatoire au dessus des cuisines qui sont cachées derriere de grandes nattes savamment tressées .

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Sa curiosité satisfaite il se dirige vers une bassine dans laquelle goutte un robinet. Je n'ai jais autant vu de robinets mal fermés que dans les pays où l'eau est rare!

Mossa doit venir nous chercher vers 10h pour partir vers Taboye. Nous aurions aimé profiter encore de ces quelques heures qui restent pour retourner au marché , mais nous ne savons pas encore nous reconnaitre dans la ville et je ne sais pas si Mossa a mon numéro de portable...tant pis , ce sera pour une prochaine fois.
Une semaine , nous n'avons qu'une petite semaine pour emmagasiner au fond de notre coeur tous ces souvenirs que nous voulons vivre...une semaine pour voir , rencontrer, apprendre, aimer...

Profitant de la chaleur encore tiède de ce début de journée, les sacs prêts pour le départ afin de ne perdre aucun moment , nous restons attablés un bon moment , jetant sur le papier nos premieres impressions.

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