Une escapade au désert est toujours un moment magique... chaque bivouac , chaque nuit à la belle étoile, chaque soirée autour d'un feu a été un moment gravé dans ma mémoire. C'est à chaque instant une histoire renouvellée mais différente . En feuilletant mon vieux blog awanekkinnan qui va bientot disparaitre au profit de "Du Cote De Gao et de djerba " je suis retournée autour d'un feu avec des touareg au mali ...et mon esprit s'est envolé vers cette terre lointaine qui m'a fait découvrir un monde de silence ..mais pas de paix , l'HISTOIRE avec un grand H avait levé un voile sur mon ignorance du problème des peuples nomades de la region. Les infos en parlaient si peu ...
Les nomades du sud tunisie n'appellent peut etre pas le pain des sables "tagella" , mais leur vie est si semblable ...
Cette nuit plusieurs fois déjà , les chiens ont aboyé , un animal probablement rode non loin du campement. Malgré l'heure avancée de la nuit je me glisse hors de la tente , la pleine lune qui jette une lumière blafarde sur le paysage me permet de voir le manège des chiens . Comme ils avaient réagi envers moi la première fois ils agissent de conserve pour faire fuir l'intrus. Et de fait après 2 ou 3 "messages " le silence retombe sur le désert .
Chez nous on dit " bavard comme une pie " je découvre qu'ici ce doit etre" volubile comme une chève "! Mais ce soir peut être parce qu'elles se sentent protégées par les sloughis tout est calme alors que la nuit dernière le troupeau n'a pas cessé de s'agiter , ou peut etre est-ce simplement le vent ; les chevaux sentent d'avance la venue des tempêtes pourquoi pas les chèvres ! ...
.... c'est le moment où jamais de prendre des photos . L'objectif est bloqué par le sable...tant pis je tire dessus pour le décoincer ... La luminosité n'est pas assez bonne pour filmer les 3 sloughi mais je ne peux détacher mes yeux de leurs ébats , les mêmes jeux que tous les chiens du monde mais leur grâce ,m'oblige à les regarder .
Le soleil vient de se lever ,il a du mal à traverser les nuages de sable qui filtrent et opacifient la lumiere , et la clarté diffuse devra attendre un bon moment avant qu'elle ne se transforme en un disque d'or .
Déjà dans le campement certains touareg (petit rappel on dit un targui des touareg) s'affairent tandis que quelques autres se glissent paresseusement hors de leurs couvertures posées à même le sol. . Le feu crépite , jette ses flammes vers le ciel encore pâle , ma conteuse d'un soir s'y réchauffe pendant qu'un peu plus loin un targui fend du bois avec cette hache très "couleur locale" que l'on trouve sous la tente de tout le monde dans la région...deux autres hommes dépecent une chèvre qu'ils viennent dégorger, en ayant soin de ne pas abîmer la peau. Une fois tannée elle sera échangée contre des denrées nécessaires à la vie : sucre, sel pour les bêtes, mil , thé ...le targui nomade n'a que ses chèvres et moutons pour le troc . Un touareg , dans une bassine de fer blanc mélange farine ,eau ....je sens que pour notre départ nous aurons ,au lieu de confiture et pain un rien rassis apporté de Gao dans nos "provisions de Bouche" par Mossa ,un petit déjeuner local avec du pain de sable! Il pétrit longuement la pâte ,puis lorsque le sable lui parait suffisamment chaud il repousse les braises , creuse une cavité dans le sable de la taille de la pâte qu'il dépose au fond; il recouvre du sable et des braises , dans quelques minutes il retirera le tout pour faire cuire l'autre coté du pain et dans une demie heure le pain sera cuit à souhait. Un pain sans levain fait juste d'eau de farine et d'un peu de sel mais d'une saveur délicieuse .Ici tout est simple et pourtant agréable à déguster.Les pâtes au fromage de chèvre ,par exemple ,certains occidentaux trouveront peut être que le goût en est fade ,il est subtil à mon avis. Et si vous voulez un petit "en cas" original essayez les dattes pilées au fromage de chèvre sec. ( seules les deglet nour restent tendres , les autres especes ,et qui sont tres nombreuses, sechent , deviennent dures comme du roc parfois ou les dgelt nour qui restent tendres mais là ce ne sera ... Les jeunes chevreaux pressés l'un contre l'autre pendant la nuit commencent à remuer dans les rayons tiède du soleil je m'approche d'eux et je suis surprise de constater qu'aujourd'hui le plus beau des sloughi aujourd'hui accepte ma présence .Doucement ,avec précaution je me dirige vers lui ,il s'asseoit indifférent dans une attitude majestueuse .Une photo suffira , à quoi servirait que je le caresse , ici les chiens sont là pour travailler , je n'ai vu aucun geste d'affection envers ces chiens alors que je n'ai pu m' empecher de caliner les petits chevreaux . Le troupeau s' éloigne avec le berger ,dans ce camp le berger est un touareg aussi long et sec que le baton qu'il tient dans la main ...les chiens après un dernier regard vers le camp s'eloignent eux aussi vers leur travail quotidien .. . Le thé du matin coule dans les verres ...les caravaniers se réveillent ....dans un moment il sera temps de s'engouffrer dans les voitures le vent emportera nos adieux .