le roi de kahel de Tierno Monenbo

Le 18/08/2009

Dans LIVRES A EMPORTER EN VOYAGE§

Tierno Monenembo , est un écrivain guinéen. Vous le savez je ne suis pas comme les  moutons de PANURGE pour suivre un courant , alors mes choix de livres je ne les fais pas à cause d'un prix Goncourt ou autre mais parfois je l'avoue , mes goûts sont en adéquation avec les critiques littéraires ...

 

Il y a quelques semaines , alors que le festival de Cannes battait son plein, je voulais vous parler d'un film africain qui en 2002, eu des commentaires élogieux de la part des critiques dans les journaux sauf que lorsque je l'ai eu visionné je n'ai rien pu trouver à vous dire ...oui les paysages étaient magnifiques avec cette mer qui venait mourir sur le bord du désert mauritanien ! oui des clins d'oeil étaient à remarquer,  mais le film était lent , d'une lenteur à laquelle sont peu habitués les occidentaux...
Cela me rappelle ces pièces de théâtre qu'il faut absolument avoir vu pour être "à la mode" , ce théâtre moderne où l'on ne comprend goutte parfois mais qu'au sortir de la salle il faut encenser ( regardez donc la piece "art" * avec Arditi et Luccini pour comprendre que je ne suis pas la seule à crier au scandale devant la pâmoison de ces "gens qui savent tout " ,appréciez en les dialogues ....ou ces morceaux de piano où piano fermé , l'artiste tape en ryhtme et qui à la sortie du concert,  auront au moins la même valeur musicale qu'un Chopin ou un Wagner: Je me souviens d'une symphonie de Pierre Henry "Variations pour une porte et un soupir"  (1963)...quelle chance pour vous j'ai encore le  titre dans un recoin de ma mémoire!

 

Cette fois donc , c'est le titre du livre qui m'a interpellé ou le nom de son auteur porteur des sons de l'Afrique. Le fait est certain , dès les premières pages j'ai plongé avec délice dans ce récit .
Cette histoire que l'on pourrait croire tout droit sortie de l'imagination fertile d'un romancier a vraiment eu lieu , et Tierno nous entraine dans les pas de cet étonnant voyageur dont les cahiers sont parus 1882 sous le titre " De l'Atlantique au Niger par le Foutah-Djallon : carnet de voyage..." Il ne portait plus alors son nom de Aimé Victor Olivier mais celui de Olivier de Sanderval,
Aimé Victor Olivier , a existé il y a un bout de temps déjà, puisqu'il aurait pu se retrouver à la table du modeste, ( à l'époque ) café Drouant, au coté de Daudet, Renoir , Rodin et tant d'autres .
1880, Aimé Olivier , la quarantaine, quitte femme enfants confort d'une vie bourgeoise de petit industriel pour courir l'aventure en Afrique , à la recherche de son rêve utopique devenir roi du Fouta Djalon

En cette fin de 19 eme siècle nous voici à l'époque des Ferdinand de Lesseps , Fedherbe, Gallieni, Edmond de goncourt ....la société géographique créée quelques décennies auparavant (1821 )vit ses grands jours , elle voit passer des grands savants et des explorateurs dont le renom a traversé les epoques .Des Champollion, dumont d'urville, Jean Charcot, Albert de Monaco (devenu albert 1er en 1889)....

 

à suivre http://www.come4news.com/autour-du-livre-le-roi-de-kahel-626667  (lciuer ici pour voter pour mon article que vous pouvez egalement lire ci dessous

 

* lien non officiel de la pièce  ART (aujourd'hui il est impossible de creer des liens vers des sites externes http://theatrart.free.fr/html/

 

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Autour du livre LE ROI DE KAHEL
suite de l'article précédent:

Dans son livre "le roi de Kahel" , Tierno Monénembo ne nous fait pas là une  biographie d' Aimé Victor Olivier ; empruntant à l'histoire,  l'existence réelle d'un homme, et les écrits que ce dernier a bien voulu laisser à la postérité,  il lève le voile sur une période que l'on connait peu.  Si les noms de  Gallieni, Faidherbe, Audéoud, ne nous sont pas inconnus et sont porteurs de pages d'histoire,  la plupart d'entre nous n'en connaissent que brièvement quelques épisodes.

Très agréable à lire,  le roi de Kahel , apporte à un carnet de voyage véridique, des sentiments des émotions aux divers personnages, qui nous les rendent plus palpables et donnent une épaisseur nouvelle a ce récit de voyage . L'auteur nous rend sympathique cet aventurier et nous fait un peu détester ceux qui entravent la bonne marche de son rêve ; et pourtant ! Olivier au fond , ne "travaille" que pour sa gloire personnelle : un chemin de fer qui fera mieux marcher un commerce déjà florissant ...d'ailleurs n'a t-il pas voulu pour "épater la galerie" la plus belle demeure du coin... mais quel héros n'a pas un côté humain; lui, c'est en fait un "people" avant l'heure, et son titre de Vicomte de SANDERVAL que lui a remis la cours portugaise a , à n'en pas douter,  fait briller un blason qu'il n'a pas encore ..

 

Le vrai Olivier n'a peut être pas été cet homme qui évolue sous nos yeux mais qu'importe...T Monémembo nous fait connaitre des lieux qui avant d'ouvrir ce livre nous étaient peut être peu connus. Même les biographies ne gardent-elle pas souvent une part de mystère , ne glissons nous pas vers les idées que veut nous faire parvenir l'auteur ! les tableaux eux même, sont ils réellement le reflet d'un véritable instant (là je pense par exemple au couronnement de napoléon Ier). Tout n'est souvent que "interprétation".

 

 

Mais découvrons avant de revenir sur le livre, ce lieu paradisiaque dont l'intrépide explorateur est tombé "amoureux" .

Le Foutah -Djallon... c'est un magnifique région racontent les caravaniers qui sillonent les terres d'afrique pour y faire le commerce de l'ivoire , des fusils , d'or et des esclaves. Plusieurs fleuves de l'Ouest Africain y prennent leur source : le Niger, le Sénégal, le Gambie, le Koliba. Son paysage est une succession de savanes arborées,de forêts ouvertes, de forêts-galeries et de vastes plaines le tout , sillonné de nombreux cours d'eau qui au fil des siècles ert des millénaires ont dessiné de grandes falaises et créé de magnifiques chutes.

 

Le climat du Fouta est très agréable avec un air de montagne d'Afrique, tempéré et frais. Les températures varient considérablement selon le lieu et les saisons qui se divisent principalement en saison sèche (de novembre à mai) et saison des pluies (de juin à octobre) .
Ce sont les Peuls qui y habitaient en cette fin du 19eme siecle , un peuple dont la langue encore aujourd'hui est parlée dans une vingtaine d’Etats d’Afrique occidentale et centrale, des rives du Sénégal à celles du Nil, par les ethnies peuls, toucouleurs et laobés.

 

7ans se sont écoulés depuis la première expédition d'Aimé Victor ,  lorsque en fin d'année 1887,  il embarque pour un deuxième voyage vers le Fouta Djalon.
7ans qui lui ont apporté quelques succès comme la publication de son mémoire de voyage en 1883 , mais aussi de cruelles déceptions lorsqu'il va découvrir que les portes qu'il avait ouvertes avec tant de mal , toutes les rencontres qu'il avait faites et même son amitié avec Gambetta n'avait que permis d'organiser une expédition dont il était banni!

Et pourtant! débarqué à Marseille le 11 octobre 1880 ,  un mois après que, sur les bords du fleuve Congo, un autre explorateur  Savorgnan de Brazza, ait conclu un traité avec le chef des Bateké Tio  (traité qui sera ratifié le 18 septembre 1882) Olivier a de nouveau quitté sa famille pour monter à Paris et partir à l'assaut de la capitale  .

Plusieurs mois durant il tentera de faire accepter son idée : la France doit se positionner au Fouta Djalon avant les anglais . Il n'aura de cesse que de faire valider les traités qu'il a signé avec les peuls mais ne peuvent avoir de véritable valeur que contresignés par le gouvernement français. Le gouvernement se doit de comprendre que la France doit être représentée dans cette partie de l' Afrique , mais comme Brazza l'a pensé avant lui , c'est par le commerce  que la présence française doit exister, pas une course vers les colonies et les protectorats en faisant entendre les fusil .

A n'en pas douter, pour Olivier qui a hérité de son beau père de plusieurs factories esseminées au Sénégal, le commerce est la voie "royale" et le chemin de fer son principal vecteur de réussite ,les rois et roitelets de la région  (car l' Afrique ne l'oublions pas c'est une multitude de petits princes qui dirigent des régions sous l'oeil critique de l'almâmi de Timbo ou de Lebe) n'ont ils pas réalisé que ce moyen de transport ne pourra que faciliter les déplacements dans des régions difficiles.

 

Si les maladies n'ont pas eu raison de Aimé Victor Olivier , lors de son premier voyage , si les mois d'emprisonnement dans les geôles des peuls n'ont pas entamé sa volonté , ce ne sont pas des Bayol et autres  militaires rêvant de faire avancer leur carrière  qui vont le détourner de son projet : chemin de fer il y aura ! et si la France veut mettre les pays des peuls sous le joug du protectorat lui va continuer de jouer la carte de l'amitié.

Peul , il se sent peul et c'est un empire commercial qu'il créera ! d'ailleurs dès son arrivée il peut réaffirmer ses amitiés .:ses traités avec les peuls sont maintenus , malgré la présence ponctuellement , d'autres colonnes françaises ...

Les peuls l'ont accepté de le considérer comme des leurs  et par un jeu d'amitiés qui vont le "porter" il parviendra même à être à posséder la terre de ses rêves , un plateau , des collines , des rivières , des villages... et déjà il imagine son territoire : on pose la première pierre de la future gare , on ensemence les champs et les rizières, on prévoit un élevage de chevaux ....et de retour en France il frappe monnaie à son effigie :le kahel, qui sera utilisé dans les échanges commerciaux sur ce territoire d'Afrique, jusqu'à la mer

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LA FIN DU REVE DU ROI DE KAHEL

troisieme partie   (le roi de kahel Tierno monenembo)

C'est au printemps 1919 que le vicomte de Sanderval mourut à  Marseille . Mais son beau rêve s'était effrité bien avant cette date . La France de voulait pas d' une conquête pacifique , les "noirs" restaient des nègres , des personnes dont on partageait le lit mais pas la table !
Aimé Victor Olivier est de ces rares blancs de l' époque qui ne s'arrêtent pas à  leur couleur de peau .
Les fusils avaient parlé ...mais ils n'avaient pas été les seuls à détruire ce beau rêve! des inimitiés il en avait parmi les blancs , il le savait , Bayol ce médecin militaire par exemple dont l'histoire gardera le nom comme l'un de ceux de l'expédition vers le haut Niger...

Sa femme depuis longtemps l'a quitté, une mauvaise toux l'a épuisée avant qu'elle ne se fane comme ces fleurs dont elle porte le nom "rose"
En 1895 il était reparti dans son royaume de fouta djalon , mais cette fois accompagné de Georges son fils ...Conakry en quelques années était devenue la ville florissante d'un colonie qui avait pris pour nom GUINEE et dont le nouveau gouverneur se nommait Ballay  , ce même docteur Ballay , officier de marine, qui partit un jour en exploration au congo .
Son royaume aussi avait pris belle tournure avec sa ville kahel ,la base de sa gare, la factorie, les rizieres, les plantations de café, d'ananas, de caoutchouc , de sisal, et une vie réelle avec sa monnaie , son armée ...

Tierno , Ibrajima, Pathé ,il avait retrouvé tous ces hommes ...amis ennemis ...des luttes intestines bouleversèrent ce pays dont profita le gouvernement français ...les obus et les fusils décidèrent du nouveau tournant de l'histoire

On tenta de l'empoisonner , le petit monde des colons se détourna de lui et le mit à  l'index alors , un jour de 1900 , il quitta sa chere terre d'afrique pour n'y jamais revenir ...

Le 10 décembre 1904 : Le chemin de fer du Sénégal au Niger atteignait son terminus à  Koulikoro en aval de Bamako, reliant ainsi les 555 km séparant ce lieu de Kayes, son point de départ. mais Aimé Victor Olivier n'assista pas à  l'aboutissement de son rêve...
Sa première factorie en pays peul , c'est Alpha Yaya qui la lui avait  donnée , à Kadé..C' était en 1885 . Aujourd'hui Yaya etait en exil , en mauritanie .. un monde nouveau était né, celui de l'afrique occidentale française


un article sur le monde diplomatique http://www.monde-diplomatique.fr/2008/10/RUPP/16392