J'embrasse du regard le jardin ombragé du café où je viens de faire halte .Situé dans un petit village de quelques âmes et à une poignées de kilomètres de la villakhawa en passant par les pistes.
A l'ombre d'un parasol en paille un groupe d'hommes joue aux dominos . Un vieil homme sans âge , au visage buriné par le temps , et dont le dos vouté dénonce les années passées , tient dans sa main gauche un peu tremblante les dominos qu'un après l'autre il pose sur la table dans un claquement sec .
Il porte le chapeau djerbien et la grande blouse bleue .
Face à lui un autre vieillard en djellabah, comme lui porte le couvre chef de paille cher aux habitants d el'île , la tête drapée dans un chech noir et blanc .
Dans un coin un peu retiré un homme s'est assoupi , la tête posée sur une table , la tasse vide de son capucin près de lui .
L'air subtil mélange d'odeur de café , de géranium odorant , retentit de tous les bruits qui font la vie de l'île : le bouillonnement de la chicha, la vois rugueuse des joueurs de cartes installées sous le bougainvillée, le coq au loin . La fumée des cigarettes monte en volutes vers le ciel emportées par un léger vent .
Le moteur pétaradant d'une mobylette me reveille de la douce torpeur qui m'engourdissait , torpeur non ...j'etais plongée dans un tableau , vous savez un peu comme ceux de manet qui vous emmene au bord de la marne ...
Si j'etais peintre * j'aurais d'un coup de pinceau figé ce moment ...photographe , mon appareil est resté dans mon sac , non je ne peux pas voler cet instant à ces gens que je viens de rencontrer à la croisée d'un chemin .
*Monet ou Manet ..zut je ne me souviens encore plus lequel des 2 , je veux parler du tableau d'un dimanche au bord de la marne avec en premier plan un banc et des danseurs , des arbres ...
