TABOYE ET SES ECOLES PAGE 18

Le 19/03/2008

Dans DU COTE DE GAO

Le voyage de retour vers Taboye a été très rapide ,en ligne droite une petite heure mais nous n'avons pas eu la chance comme Maximillian ,les "club des 3 med" et family team de poursuivre des gazelles, en fait nous n'avons qu'entrevu au loin lorsque nous revenions le jeune berger un petit fennec qui a filé comme le vent en nous apercevant .Au pied d'une dune nous nous sommes arrêtés un moment pour profiter une dernière fois du désert , de son sable doux ....

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Dès notre arrivée , Ibrahim nous propose d'aller visiter l'école des sables . C'est un bâtiment unique en banco qui regroupe les 3 classes , les salles sont petites , les murs de pisé y conservent la fraîcheur et les fenêtres sans vitres bien sûr sont occultés par des planches de bois . Pendant que la caravane va filmer d'un coté , Maximilian m'entraîne vers une autre salle de classe . Sur un tableau noir l'institutrice , une songhoi , avec application , écrit quelques mots . A notre entrée les jeunes enfants se lèvent et nous prenons place parmi eux . Une gravure est accrochée sur le mur , avec sa baguette l'institutrice désigne un dessin . Que fait le petit garçon? Tous les doigts se lèvent ... Elevés aux campements ils ont appris avec leur tribu le Tamasheq , langue des touareg , si leur maman est suffisamment instruite elle a dessiné sur le sable la calligraphie des lettres de l'alaphabet tifinagh . Venir à l'école , c'est laisser sa famille pendant de longues semaines , mais aussi découvrir une nouvelle langue , un nouvel univers : des crayons , des cahiers , des livres . Et avec cette institutrice , pas question de parler le Tamacheq qui est une langue inconnue pour elle , autant que le Songhoi peut l'être pour les petits touareg .
Un petit oiseau volette de poutre en poutre , ni l'enfant ni le petit oiseau ne se sentent perturbés par la présence de l'autre ; au dessus du tableau Ibrahim qui vient d'entrer dans la salle nous montre les dessins que l'on trouve dans nos maternelles : un rond jaune , un carré bleu , une étoile verte ...Sa methode pour que les enfants apprennent à reconnaitre les sons est innovante par rapport à nos méthodes . Il sait que l'enfant enregistre l'image comme le son ...aux états unis depuis une vingtaine d'année il existe une université pour les bébés (oui oui vous avez bien lu ) qui préconise de faire connaître à l'enfant en même temps que le dessin du mot , sa calligraphie si vous préférez, le dessin de ce que dont on parle : le chat , le chien , le jardin. Ibrahim a adapté la méthode utilisée pour les personnes sourdes ou mal entendantes , on dessine avec les doigts la lettre ou le son que l'enfant doit prononcer ...il enregistre les 3 choses en même temps : l'ecriture , ce qui parvient à son oreille , et le geste . L'instituteur sans prononcer lui même le mot peut ainsi les aider en bougeant seulement ses doigts . La méthode me semble interessante ,mais est elle réellement appliquée ou ne reste t'elle que dans les projets d'Ibrahim ? car quelques jours plus tard , en bavardant avec mon ami Abdoulaye , instituteur dans une école Songhoi , j'apprendrai que les livres sont fournis pas l'état , que donc le programme devrait être le même partout .
Justement , une des salles du bâtiment , beaucoup plus grande que les autres , accueille les enfants et un instituteur de l'ecole publique de Taboye . L'instituteur , dont une fois de plus j'admire la belle écriture et un texte sans erreurs orthographiques (quel plaisir de trouver en Afrique des personnes qui manient le français sans faute! ) nous explique qu'il s'occupe de 60 enfants de plusieurs niveaux. Une classe de 120 élèves a été partagée en 2 mais l' école publique ne pouvant les héberger ,ils se sont retrouvés à l'école des sables située non loin .
Vous imaginez 60 enfants dans la même classe ,et lorsque nous y pénétrons aucun bruit , chacun s'occupe de son travail . L'instituteur a organisé ses tables par niveau , pendant que les uns font une chose les autres en font une autre. Malgré leur nombre les resultats scolaires sont , d'après ce que j'ai appris plus tard , car pendant cette journée je n'ai malheureusement eu aucune possibilité de parler en tête à tête avec les instituteurs, leur niveau scolaire est bien plus élévé que celui des enfants Touareg .

Les jeunes institutrices qui ont fait le stage à Taboye m'ont donné quelques précisions à leur retour en France , j'espère que "les 3i" pourront nous raconter encore plus en détails ces journées qu'elles ont partagées avec les enfants . mais pour l'instant je peux déjà vous dire qu'iL y a 5 classes , mais les niveaux entre les classes sont très différents comme à l' intérieur des classes d'ailleurs. Certains élèves savent lire d'autres non , certains savent écrire lisiblement et d'autes ne savent pas comment utiliser le cahier... Et ceci même en 5 ème année ...En 1ere et 2è ils sont 12 enfants, en 3è et 4è 17, et en 5è, 9 inscrits mais 7 présents. Les horaires sont très libres. Les enfants peuvent être à l'école entre 8h et 9h.
Nous nous commencions à 9h00 jusqu'à 12h00. L'après-midi c'est de 15h00 à 17h00.. m'ont elles expliqué ,car il est toujours difficile de commencer plus tot et d'être interrompu à chaque arrivée...je n'ai pas bien compris ,car si c'est un pensionnat ils devraient être là au même moment!?

Alors que nous retournions au pensionnat pour voir l'avancement des travaux dans la bibliothèque l'infirmière Carole /Maryam allait au dispensaire pour rencontrer l'infirmier à propos des médicaments .Il etait prévu que la "caravane" laisse des cantines de médicaments à Taboye ,mais il était nécessaire que cela soit géré par un officiel de la santé .
Le repas de milieu de journée pris en commun, réunit à nouveau tout le groupe sous notre tente ...

17H ,nous traversons Arnaud et moi le village encore très calme à cette heure. Quelques poules se promènent en liberté , des hommes sont assis à l'ombre ,bavardant , des femmes vaquent à leurs occupations ou parlent avec quelque voisine sur le pas de leur "tente" ...Si les enfants aussitôt prennent la pause lorsqu'il me voit l'appareil photo à la main , les femmes d'un geste me prient de passer mon chemin . Comment leur en vouloir? Même si l'oeil du photographe a aimé la grâce d'un geste ou la beauté d'un visage , a été touché par la profondeur d'un regard , a admiré une mosaique de couleurs ou simplement a souhaité figer l'émotion d'un moment comment cette jolie Songhai peut elle imaginer que ce n'est pas de l'indiscrétion , de la curiosité , du voyeurisme ... accepterions nous d'être immortalisés sur une pellicule juste pour le cahier de souvenir d'un inconnu. ....

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