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PAGE 22 LE CHAT A MANGE LA LUNE ( expression malienne)

Le 19/03/2008

Dans DU COTE DE GAO

21H 30 nous sommes toujours à l'hotel , Arnaud trépigne , le repas de midi est bien loin , Blanche et moi bavardons avec un client de l'hotel ...ce soir l'auberge accueille plusieurs personnes. Certaines très sympas avec lesquels un simple bonjour suffit pour que l'on se raconte nos derniers coups de coeur en buvant un verre d'eau fraîche ,d'autres qui se précipitent dans leur chambre le nez dans leurs souliers .
"Notre" chambre avec douche et toilettes est occupée , nous partagerons donc une grande pièce avec Blanche , et quand Maximilian arrivera demain soir il aura, lui aussi , son lit dans notre "home sweet home" .
Des parfums de cuisine réveillent nos papilles , l'homme qui s'approche doit être celui que l'on peut considerer comme le responsable des lieux ,car lui seul s'occupe de nous alors que les autres ne semblent être là que pour lui tenir compagnie . Sans un mot il installe la nappe , dresse le couvert et apporte le repas aux voyageurs d'un soir , Nous nous éloignons d'eux pour les laisser profiter de la salade maison et frites poulet .
Ali , notre ami du premier soir vient nous saluer . Il n'a pas de mal à comprendre que nous sommes largement agacé par l'attente , gentiment il nous propose d'appeler un taxi lorsque dans un nuage de sable un 4X4 freine devant le portail .C'est la voiture de Mossa mais point de Mossa . On nous explique vaguement que de la famille est arrivée chez lui , nous sommes ennuyés par ce changement de programme , non pour l'absence de Mossa ,mais pour cette soirée largement entamée , nous avons tous des portables il aurait pu nous passer un appel . Les 2 Touareg nous déposent devant les portes du restaurant , nous n'avons que le temps de leur demander leur numero de portable pour les appeler en sortant avant qu'il ne s'eloignent ...

Le restaurant semble bien calme , le "livre guide" , dont je tairai le nom promettait pourtant une ambiance musicale!
Deux personnes bavardent sous une tonnelle en sirotant une boisson. Il semblerait que ce soir c'est relâche! Quant au diner : "impossible ,il n'y a plus rien à manger ,il est 22H nous repond la dame derriere la banque de pierre" , déjà elle retourne à ses occupations tandis que son gamin les yeux rivés sur la petite tv installée sous son nez est reparti vivre les aventures d'un quelconque heros.
Nous nous regardons avec une petite moue qui en dit long et un haussement d' epaule .... on la sentait venir cette nouvelle ! qu'à cela ne tienne , nous appelons le numero du portable et....le numero n'existe pas....on respire un grand coup , on prononce le mot "hippopotame" il parait que ça calme ! Et on rerentre dans le restaurant pour demander s'il est possible de nous indiquer un resto .

Un adorable petit garcon d'une dizaine d'années immédiatement se lève pour nous accompagner vers ...une soirée privée ! là de la musique il y en a à tue tête avec des africains qui ont sorti leurs beaux costumes et leurs belles robes ...mais pour l'instant nous ce que l'on souhaite c'est avaler quelque chose . Le jeune garçon tout aussi serviable nous accompagne donc dans un restaurant très local . En fait le genre de resto où on n'ose pas rentrer de peur d'attraper la tourista ...cela aurait été une erreur de ne pas passer la porte ! Nous traversons une petite salle sous le regard intrigué d'un groupe de maliens , tout un côté du réduit est occupé par une grande table de bois où s'affaire un africain , un grand couteau dans une main . Un délicieux parfum d'oignon grillé nous réconcilie avec le cadre ..non non il vaut mieux ne pas trop regarder les détails !

La carte, une grande ardoise accroché sur un mur qui a dû etre blanchi à la chaux il y a pas mal de temps , a l'air très alléchante : couscous , salade , omelette ... un choix de rois et de reines et à un prix dérisoire . La commande passée 1 couscous , 2 salades et 2 omelettes , le "cuisinier-maitre d'hotel-plongeur" nous accompagne à notre table dans la cours , après avoir vivement essuyé ses mains sur le torchon jeté sur un tabouret . Deux tables sont occupées par des hommes . Sur un banc deux femmes regardent la télévision où une émission politique déverse un flot de paroles dans une langue qui nous est inconnue. Le cadre est "local ",les bassines trônent dans un coin , quelques chiffons de tissus pendent sur une corde à linge...Blanche est allée à l'épicerie à quelques mètres de là pour acheter une bouteille d'eau cachetée . L'argent ? Nous n'avons que des billets mais elle promet au marchand de revenir payer dès que le repas sera fini et que nous aurons de la monnaie . Essayez cela en France! Pendant ce temps le "cuisinier " à qui j'ai demandé s'il avait une serviette m'apporte ...une serviette de bain...nous sommes trois ! Seule j'aurais eu une serviette de toilette ! On se regarde et l' on se met à rire , enfin pas trop fort pour ne pas déranger les gens autour de nous , qui je l'avoue nous jettent des coups d'oeil un peu curieux ! Ce repas fut un délice ...

L'émission politique achevée nous avons été accompagnés dans notre repas par une émission religieuse , les notes d'un gospel s' élèvent , c'est la même congrégation protestante que ceux qui ont chanté pour le Gospel de Toulon, celui que le lions club avait organisé pour les enfants de l'ecole des sables de Taboye et pour laquelle je représentais Moussa , parti avec" la caravane" ....la boucle est bouclée ...
...et comme un clin d'oeil venu du ciel, en levant les yeux vers les étoiles nous constatons que "la pleine lune a été mangée par le chat" comme dit le proverbe touareg ; nous avons droit à une éclipse ...moment sublime !

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photo aimablement pretee par Maximilian Stemp

Dehors le jeune garçon n'a pas quitté sa chaise , il nous attend pour nous raccompagner , et si nous ne lui avions pas donné quelque pièces il n'aurait rien demandé ...l'épicerie est toujours ouverte , Blanche va payer nos dettes . Comme nous ne savons pas du tout où nous sommes , nous appelons Mossa , qui cette fois (je pense que notre ton y est pour quelque chose )ne tarde pas à venir nous chercher . Quelques minutes plus tard nous nous abattons sur notre lit ...(tiens ,dans cette chambre il n'y a pas de moustiquaire !) ..journée remplie de souvenirs ! ça c'est une journée réussie , avec ses bons côtés et ses moins bons ,mais une journée pour laquelle on peut choisir ce que l'on veut garder au fond de son coeur : un diner dans un resto où je vous invite à aller si un jour vous passez par Gao , une ballade fantastique en pirogue , des rencontres éphémères mais combien riches ...

Une journée parfaite si nous avions pu profiter de nos trop longs moments d'inactivité pour déambuler dans le dédale du marché ....mais bon , le bel espagnol était bien sympatique . On ne peut pas tout avoir quand même!